Elle va, elle vient mais je ne peux que l’admirer sans jamais la détester, elle est encore plus libre que ce que je suis. Des milliers d’années que l’homme la souille, mais elle s’en fiche elle vibre, c’est tout. Mer Méditerranée qui m’a façonné, formé, cicatrisé et souvent apeuré, elle est là devant moi mais elle freine mon voyage, elle se joue de mon projet, pour elle l’homme n’est que parasite. La phrase d’Alexandre Vialatte prend toute son importance : « l’homme n’est que poussière c’est dire l’importance du plumeau. » La femme de ménage s’appelle Nadine, elle est en pleine dépression alors elle chavire tout sur son passage et moi le voyageur capricieux je trépigne. Vous ne la connaissez pas ? Elle vit en Atlantique, elle a prêté aux habitant de Terre-neuve une belle haute pression, dans cinquante ans ils diront : Tu te rappelles le Roger c’était l’automne où il avait fait beau ! Alors la Nadine au caractère d’ouragan met la zizanie. Le vent du sud est son amant, chaud et humide, cela pourrait être sensuel mais moi, je ne veux que froideur et brise du pays d’Hélène. Me reposer, de quoi, des quelques kilomètres parcourus, mais j’en ai encore des millions à faire, j’en ai encore des trucs à gravir, des vents contraires à affronter. Se reposer, ça c’est pour ceux qui sont immortels, moi je suis cette chrysalide qui n’en pas pour longtemps, alors j’avance. Vous voyez l’arrêt me met en réflexion, en position du tigre prêt à bondir. En face l’île de mon cœur, mais Eole veut profiter pleinement de l’été indien, il n’a pas envie de trêve. Ah si je pouvais être le vent, je virerais Est et je voguerais vers ma princesse pour lui caresser le visage, je lui soufflerais toutes les brises les plus intimes, elle en rougirait de plaisir. Mais je ne suis que de chair, d’acier et de carbone avec trop de fragilité pour être nature. Mon corps se repose maintenant mais ma tête a déjà gravi trois fois l’Everest aujourd’hui. Pour certains ne plus bouger est se reposer, pour d’autres le mouvement est la tisane du cerveau, on lui donne d’autres objectifs pour qu’il s’apaise. Des projets ? Des millions des milliards, chaque matin est la genèse d’une intention. Le voyage n’est pas qu’une destination sur une carte, le voyage est avant tout un long tunnel noir que l’on doit éclairer, un gouffre que l’on doit rendre sympathique. Les « moi j’ai fait » ne sont pas des voyageurs, ils ont coché des cases. Ma case est l’univers et je peux vous dire que je ne veux pas la cocher, mon voyage, peut-être le votre aussi, me mènera à ceux que les pessimistes appellent la mort. Il me plait de penser que cela peut-être le départ d’un nouveau raid, d’une nouvelle expédition, d’un nouveau défi. Pendant que j’écris ces quelques mots, les déferlantes n’ont cessé, elles n’aiment pas la philosophie, elles n’aiment pas les rêveurs. Leurs trucs, déferler ! Ma houle n’est composée que de mots de maux, un rai de soleil et tout s’écroule, le confort va me remettre dans la routine pire qu’un tsunami. Demain est si loin mais mon doigt effleure malgré moi le clavier météo et un grand nuage noir m’envahit. Je tends la main, Véro peut presque la toucher, mais non pas assez près. La Bruyère, plante si chère au maquis corse me permet d’allumer le foyer pour cuire le pain, mais La Bruyère écrivain avait allumé mon feu interne en relatant dans son œuvre Les Caractères : « Rions un peu avant que d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. » Rire de moi, rire de vous, rire de la mort. J’entends le Grand Jacques là haut exploser de rire. Je suis exilé sur la terre Elbane, pâle copie d’une Corse si chère à mon cœur, vous voyez je m’égare, je ne maîtrise plus rien, donnez moi de grâce du vent portant et je me mettrais à l’œuvre, quelques dizaines de kilomètres pour nouer mes bras, plier mon dos, user mes mains mais apaiser mon âme…
Yes i’m a free man…
Liberté : Aller le plus loin possible pour être au plus proche de soi-même, de ce que peut signifier « vivre maintenant ». Sylvain Tesson
A pluche !
Courage Frank,
les dauphins ce matin à Piantarella te préparaient une « ligne d’arrivée » ou bien une « haie d’honneur » !!
Amitiés
Tu n’aimes pas le repos du corps mais il t’inspire pourtant magnifiquement !
Égoïstement je souhaiterai que la tempête dure encore pour lire des réflexions aussi belles et intenses… Mais j’ai autant de plaisir à lire tes textes quand tu es à vélo ou en kayak alors je te souhaite bon vent grand frère. Le chemin n’est plus très long maintenant jusqu’à la Corse et à Véro.
Allez, c’est le dernier tronçon du trajet!
Prudence est mère de sureté! il faut rester vigilant surtout avec cette météo et sur la méditerranée!
On t’attends depuis plus de 100j, on peut t’attendre encore quelques jours!!!
Et on sera tous au rendez-vous du « phare des Lavezzi »!!! Mille Bisous.
Ta Véro2
Encore une fois de plus c’est la mer qui te ramènera au ber caille… Dommage que les hommes ne respectent pas la nature et la souille alors que c’est elle qui nous donne tout… Bon vent pour cette dernière ligne droite.
Free man, you will always cherish the sea!
The sea is your mirror; you contemplate your soul.
Best regards free Man.
Salut Franck …… d’humeur trépidante aujourd’hui ????? L’inaction … physique n’est que le travail préparatoire à l’action. Le projet …. ou « jeter au devant ». Pour voir si ça fait des ronds dans l’eau ?
Le travail doit exister pour aprécier … les vacances. Et à la fin des vacances, on est content de rentrer chez soit ….. et de retravailler (moins sûr …quoi que!). La douleur n’existe que face au plaisir, au bonheur….et réciproquement ! Donc, logiquement, l’attente doit servir …l’action. Et l’action arrive … quand il le faut ! Il faut laisser le temps au temps et l’on en appréciera que plus le gout de la réussite …. et les bras de la récompense. Tu lui diras bientôt bonjour de la part d’un p’tit girondin qui a essayé tant bien que mal de suivre ton périple (c’est vrai que parfois … tu fonces et tu ne dois pas être facile à suivre …lol). Prends ton mal en patience …. pour ta « femelle ». Bises à tous et take care FM.
A pluche.
Bruce
Ouahh … à chaque mot tout est beau … je suis triste de ne pouvoir être à l’arrivée … histoire de voir tous vos sourires, embrassades et larmes (de joie) se mélanger … Fais attention à toi … Véro t’attends 🙂 … Bisous à vous tous et bon repos 😉
toujours autan de plaisir à lire vos billets…particulièrement celui ci…on se dit que c’est bientôt la fin du voyage…comme Marie j’aurais beaucoup aimé voir votre arrivée à Bonif mais trop loin…peut être une petite vidéo sur votre blog….Votre bien aimée doit être impatiente de vous retrouver mais mieux vaut être prudent..on sait combien la Méditérannée peut être « coléreuse » ..allez encore quelques kilomètres et au bout un grand bonheur!!!Soyez prudent!!Bises à vous et aux jeunes mascottes!!