L’été touche à sa fin, pour un grand nombre d’entre vous cela veut dire sans doute le retour au « turbin » mais pour votre rédacteur en herbe de billets doux et amers parfois, c’est la fin des examens ! Depuis plus d’un an je me suis mis bille en tête d’organiser des stages de survie-douce afin de récolter, de manière ludique, des fonds pour mon association Bout de vie. Il m’était impossible d’imaginer à quel point cette initiative serait, à ma grande surprise, populaire. Mais nous vivons dans une société « parapluie » qui ne s’exprime plus que par le biais d’avocats, juristes et autres hommes en robes noires. Il me fallait absolument trouver le diplôme m’offrant le sésame pour faire partager ma vie de marin des bois en toute sécurité juridique. La fédération Française de Milieu Montagnard, semblait cadrer à mes attentes mais l’école demandait un an de pratique, rien n’est impossible au Cabochard. Je tentais un « brelan d’as » en m’inscrivant non pas sur un cursus de 12 mois mais sur 2. C’est-à-dire tout digérer, 700 pages du classeur vert, en étant capable de m’en servir sur le terrain en moins de 60 jours. Et dire que certains qualifient les corses de fainéant ! Cela est devenu une obsession, nuit et jour je me plongeais dans les calculs de courbes, le dénivelé devenait un compagnon de chevet, le profil d’une randonnée m’accompagnait même dans « mes » sentiers maintes fois empruntés. Le premier stage m’a transporté au hameau de Vic, je devais chercher à la loupe où se situait ce « bled ». Je découvrais la différence de personnalité entre les vosgiens et alsaciens, mais surtout c’est la salle de classe qui m’a kidnappé. De 8h à 23h je devenais l’intégriste du graphique, les règlements laissaient place à la gestion de groupe, la diététique se volait la vedette avec la météo montagne, en extérieur le nœud machard, coïncidait avec une main courante qui devait m’amener à une descente en rappel. Le premier stage se passait plutôt bien puisqu’un 60/60 était inscrit sur mon carnet de correspondance. Mais je ne voulais pas m’enivrer de ce laurier car le stage qualificatif lui serait la sanction finale. Une traversée de la France estivale et me voilà en pays catalan, dans les Pyrénées-Orientales. La neige est encore au rendez-vous, les jeunes sont là, ils m’attendent de pied ferme, prof de ski ou de canyoning, un ancien du GIGN, un pilote de montgolfière, un photographe de presse, etc etc. Je les sens chauds comme la braise, mais ce n’est pas un match mais un examen avec des modules éliminatoires, alors je m’impose la concentration maximum. Il va falloir que je mène un groupe avec des « observateurs » qui noteront, évalueront, poseront des questions pas forcément au moment prévu, alors il me faut gérer, anticiper, sentir, humer. Dans mon fond intérieur je souhaitais que le tirage au sort de « ma » rando soit engagé avec une bonne météo « alaskienne ». Bingo une pluie non stop est prévue toute la journée, ça c’est mon truc, je n’ai plus qu’à croiser les doigts et le moignon ! L’équipe des jeunes demande aux formateurs d’être changée de groupe pour venir avec moi. Mais ils vont me mettre la pression les « loustiques » ! Le soir comme briefing, j’imagine et développe une sortie style terre arctique avec un sac à dos en conséquence. Thermos, affaire chaude et bien d’autres éléments clés pour résister au froid. Notre évolution s’effectuera non loin des névés avec une température basse ; « Myrtille sur la crêpe » météo France annonce un vent violent en plus de forte pluie, un vrai temps de cabochard. Au petit matin, le pas est silencieux, alors que les autres ont droit à un seul observateur, moi comme par hasard j’en ai deux, d’observateurs, pas de jambe ; l’un d’eux est le directeur de stage. Gérer un groupe ne me dérange pas, mais des profs qui notent mes faits et gestes : ça je découvre. La pluie nous enveloppe, le brouillard semble vouloir apporter sa part d’émotion mais le héros du jour c’est le vent qui rapatrie toutes les gouttes de pluie qui n’auraient pas su trouver la voix du coin de slip sec. Au bout de 3h de marche humide, il est temps de prévoir le déjeuner, mais les averses, s’invitent en famille, ce qui ne m’empêchera pas de dégotter un bon kilo de cèpe et d’amanite des césars. Un pin tricentenaire m’inspire le bivouac parfait. Comme le magicien Houdini je déplie de mon sac à dos une toile de 9m2 qui sera montée en quelques secondes, ce « tarpe » me suit partout, une sorte de maison ! Mais le tour de magie n’est pas fini, de mon barda, un réchaud, une poêle ultra légère et du riz lyophilisé semble surprendre tout le monde, en deux temps trois mouvements une plâtrée de risotto aux champignons réchauffe mon groupe… Un café bien chaud pour la route et nous n’aurons qu’à poursuivre notre belle balade… Samedi matin c’est le moment crucial, diplôme ou pas diplôme ? Les noms tombent les uns derrière les autres, serrage de main et remise de la breloque en bronze au titre d’Accompagnateur. Mon patronyme ne vient toujours pas, je serai le dernier à être « épinglé ». Oui je l’ai mon papier, mais le directeur de stage est ému, pourtant ce n’est pas le style du personnage, je sens ses yeux mouillés, un reste de la rando me souffle la mascotte ! Alors, il parait, d’après les responsables de la FFMM, que je serai le premier « raccourci » à obtenir ce papier avec en plus un 20/20 ! Heureusement que ma cheville droite est en carbone, elle aurait pu enfler ! J’aurai pu aussi vous parler de toutes ces belles rencontres, de ces sourires, de ces moments de désespoir pour certain, d’élimination pour d’autres mais surtout de fraternité dans l’adversité. Un grand merci à mes compagnons de stages, aux formateurs toujours prêts à expliquer, décortiquer les problèmes. Merci à tous, je vous souhaite de bonnes randonnées de partage. Dans le prochain billet, le déroulé des prochains stages de survie douce et de vie sauvage, seront dévoilés, cela s’annonce passionnant.
Que Dieu vous prothèse.
Encore une fois vous êtes hors norme, merci de votre exemplarité.
Comme toujours Frank, tu montres la voie et trace la route. Bravo grand frère et à bientôt
Félicitation Frank. Tout est possible pour celui qui s’en donne la peine.
Quel sens des mots, quel sens de la vie surtout… fabuleux, à très vite pour découvrir tout ça de près.
Respect.
Ta ténacité, ton énergie, ton courage sont des guides. En n’oubliant pas que comme nous tous tu n’es qu’un simple humain, qui se trouve face à ses peur et ses tempêtes.
Ton exemplarité est là. Tu es comme nous, nous sommes comme toi, alors à nous de nous mettre au boulot pour avancer vers nos sommets tu nous montre si bien le chemin. Merci l’ami.
Bravo mon copain ….. belle écriture, belle histoire, beau …. rêve devenu réalité … à toi les bosquets, les forêts touffues, les maquis, les ruisseaux et autres rivières et cascades ….. profites, profites bien de ta vie ….. et des gens que tu as choisi pour t’accompagner sur ta route. A un de ces 4 ….
impossible ne fait pas partie de ton vocabulaire, tu as raison car ce simple mot a le pouvoir d’anéantir nos rêves! A chaque épreuve que je rencontre et où le doute s’installe, tu es prêt de moi et non tu ne me donnes pas un coup de pied au cul mais tu me tapes sur l’épaule et tu me dis : « c’est possible »merci encore
Heureux d’avoir pu passer un peu de temps avec toi et Véro, pensons toujours à toi. Que tes projets se réalisent et qu’ils soient, comme toujours, de belles opportunités de rencontres enrichissantes. Car, il m’a fallu presque 60 an (mieux vaut tard que jamais !) pour comprendre qu’il fallait oser sortir de son cocon bien confortable pour échanger et évoluer dans le bon sens …. Le sens du Chemin ! gros bisous ZIA ZIO
Bravo Frank, je dévore Carnets de voyage que j’ai enfin reçu ,
Magnifique parcours, une fois de plus tu as réussi …
Félicitations et bon bivouac de ressourcement 😉
Bisous et à bientôt 😉