Quel beau réveil, en sortant le bout du nez de mon duvet j’ai réalisé que nous étions gardés par un cortège d’oies. Caméra au poing et appareil photo j’ai réussi à immortaliser l’instant. Aujourd’hui c’est vacances, de toute façon c’est du sud juste où on doit aller, il y a un peu de boulot de réparation et surtout du sommeil à rattraper. Mais vous me connaissez flâner, n’est pas mon truc. Ma carte m’indique qu’à moins de 7km se trouve un village, peut-être même une épicerie. Ok la mascotte, tu gardes le camp, je pars seul comme d’hab, c’est qui va galérer encore cette fois ? D’abord il faut que je trouve une route, je détaille ma carte et estime qu’une traversée de 1500mts à travers forêt et marécage devrait m’y conduire. Banco, je là trouve. Facile il n’y a qu’à suivre jusqu’au bled. Dans ma petite tête de cabochard je me dis que si la chance se maintient, je devrais trouver une âme charitable qui avec sa «chariote » nous conduirait jusqu’à la caverne d’Ali Baba. Une vieille saab, s’annonce, je fais du « pouce », il s’arrête. Hej, You speak english ? Né (non) ! Eh ben, on va rigoler. Le monsieur à l’aide de signe me fait comprendre que sa voiture à un problème et que le mécano, l’attend, à coté se trouve la superette. Je sors les quatre mots que j’étudie le soir et il sourit de ma détermination à vouloir faire la conversation en suédois. Il s’appelle Carl-Henrik ancien patron pêcheur
il frise les 80 printemps. Il met en main sa vieille voiture chez le garagiste et je lui un offre un café avec une viennoiserie. « Bienfait la mascotte, la prochaine fois tu viendras et tac. Zut, tac, ici ça veut dire merci !!! » Un copain le rejoint, il veut savoir mon bout de vie, je lui parle de mon périple, il dévore mes gestes et mots. Fantastik, fantastik, il n’arrête pas de dire. Sa voiture est enfin prête, nous partons faire les courses, il devient mon agent et raconte ma balade à tout le village. Galette, fromage, fruits frais, salade, yaourts aux myrtilles. Le basic pour survivre !!! Nous reprenons la route, il veut absolument me présenter à sa femme qui est malade. Une cabane rouge au bord de l’eau et le calme absolu. J’attends un moment devant leur nid et savoure ces moments de privilèges. Son épouse vient à ma rencontre, elle n’a pas l’air de vouloir se plaindre et pour faciliter la tâche parle anglais. Elle me raconte leur vie, les enfants, les petits-enfants et la plénitude du lieu, mon bermuda lui dévoile ma différence. La langue, la culture, le pays nous séparent mais les malheurs nous unissent. Carl, veut voir mon kayak, mon camp, je salue la femme de mon hôte et rejoignons les bords de la forêt qu’il faut traverser. Je lui désigne une sente d’élans, il me demande si je suis chasseur ? Que de rêves et encore sans arme ! Finalement, nous rejoignons Immaqa, il a amené son appareil photo, il touche le kayak. Me prend par les épaules, je sens monter en lui une forte émotion. Ses yeux rougissent, les miens aussi ! Mais on ne se connait que de 3heures !!! Pudeur scandinave ; il me serre fort dans ses bras et s’en va sans se retourner, ses yeux cherchant dans le sol toutes les questions de deux âmes semblables qui se croisent. Ce soir au coin du feu, le suroît perd sa vigueur, je vais repartir à la recherche de mon voyage de l’intérieur, cet hiver nous serons loin et pourtant de temps à autres nous nous retrouverons par la pensée. Hej da, Carl, hej da tak so mukie (Merci Carl, merci beaucoup)
A pluche !
Encore une fois Franck, tu m’as fait rêver, et surtout ému de cette merveilleuse rencontre, merci de nous faire partager.
Salut vous deux. Ce sont ces instants qui permettent de se transcender, d’oublier la douleur, de continuer, de… vivre parfois, tout simplement. Tu es notre reporter Franck, et même bien au delà, tu es notre réserve de sensations, de sentiments, tu es notre regard posé sur des mondes où nous n’irons probablement jamais, notre relais avec des gens que nous ne croiserons pas …. notre caméra sensitive ! Continu de te « gaver » et de nous en faire profiter. C’est bien … c’est bon. Biz et à pluche. Bruce
encore un moment d’évasion. Merci franck
Merci pour cette belle histoire. Basgi
quel beau moment d’émotions et de partage.effectivement la langue n’est pas une barrière lorsque la puissance de l’émotion est là…….merci encore de nous inonder de ces moments intenses….intérieurs …..extérieurs……….merci
Une rencontre merveille et que d’émotion à travers l’écrit. Tack Frank pour ce moment de plénitude et de charme suédois. @ pluche
Salut Frank,
Toutes mes félicitations pour cette nouvelle aventure. Tu vas une nouvelles fois m’en mettre plein les « yeux ». Pace e salute amicacciu.
Jo l’aveugle rencontré au festival de Dijon avec Philippe Sauve
quelle jolie rencontre … même en terre inconnue … que du naturel … deux êtres plein d’humanité 😉