../.. Bien que son cœur saignait, elle baissait la tête et se résignait à un grand et profond silence.
A l’oreille il lui susurra : « C’est de l’intérêt de la piève et puis c’est un Pisan et se sont de fins commerçants, va ma fille, tu seras riche et puissante ».
La princesse avait mal mais sa très stricte éducation lui empêchait de le contredire, elle rêvait de liberté on la mettait en prison !
Les fiançailles durèrent toute la nuit, les princes des pièves les plus éloignés étaient venus, plusieurs jours de marche pour certains, d’autres avaient plus vite fait par la mer.
Du cap Corse à Pertusato, de la plaine orientale au Niolu, de Balagne à la Castagniccia, du Giunssani à l’Alta Rocca, les clans étaient réunis. Sur cette île de beauté la discorde était depuis des siècles la gouvernante et ces fiançailles était une sorte de pacte de paix.
Pour combien de jours de semaines d’années ? Nul ne pouvait le deviner.
Au lendemain du festin alors que tout le monde dormait pour se remettre de ce « goinfrage » la princesse avec la complicité du vieil écuyer fugua sur son cheval pour retrouver sa liberté, elle alla se jeter dans un torrent glacé pour purifier son corps et son âme, les odeurs du maquis l’enivraient de nouveau et elle ne savait plus si elle pleurait de joie ou de désespoir.
Un merle bleu venait se poser à ses pieds, il chantait l’aubade qu’elle connaissait par coeur mais comme à chaque fois elle succombait à son charme.
De sa cachette elle dominait la vallée où était implanté le château, elle devinait les premiers invités qui reprenaient la longue route pour rejoindre leurs régions.
Tout derrière la mer méditerranée à perte de vue.
Chapitre II
Dieu que ces Maures sont coriaces ! Faites armer les couleuvrines, vite plus vite il faut les surprendre. La mort plutôt que le déshonneur !!!
Là bas de l’autre coté de la mer un corsaire était en train de se battre pour la vie de ses hommes.
Cette bataille en terre Perse n’en finissait plus, la religion avait tout gangrené, lui le chevalier des causes perdues était venu délivrer un sage qui était prisonnier depuis bien longtemps.
Joseph de Zerubia, c’était son nom, n’avait plus de famille une sombre histoire l’avait rendue solitaire, et comme le loup il était parti errer, non pas dans les forêts mais bien sur les mers. Sa famille il se l’était construite, c’était son équipage, sa maîtresse c’était la mer et son confident sa vieille frégate le Santa Liberta. Cette felouque avait appartenu au Bey d’Alger, ce riche pacha était un sanguinaire et sa cruauté avait répandu la terreur partout en Méditerranée et jusqu’à la grande république de Venise on craignait sa bannière. Dans une bataille incroyable sur l’île de la Galite il l’avait ravi au Maures qui avaient perdu beaucoup d’hommes, le récit de cette prise d’arme avait fait le tour de tout les ports et la bande du Santa Liberta était devenue une légende entre le rêve et la réalité. Dans chaque taverne après quelques cruches de mauvais vins les marins racontaient l’histoire de la Santa et chacun y rajoutait la sienne, au fil du temps le corsaire était venu un « intouchable ».
De port en port à chaque arrivée de Joseph de Zérubia on savait que les pauvres allaient manger à leur faim, il offrait des repas à qui faisait mendicité, il essayait d’aider les estropiés, il disait qu’en pillant les riches il pouvait épauler les plus démunis.
Son regard était sombre et beaucoup le craignaient mais on savait qu’il était bon et juste, il ne craignait personne car la mort ne lui faisait plus peur.
A Saint Jean D’Accre il s’était donné pour mission de délivrer un vieux sage, ces geôliers le détenaient depuis des années et cet homme possédait des secrets mais il préférait croupir en prison que de dévoiler ces découvertes.
Joseph savait qu’en le délivrant il pouvait amener une certaine paix sur le bassin méditerranéen, les religions sont inventions de l’homme pour régner et porter la terreur sur les peuples, les guerres se succédaient et les famines et les épidémies avaient répandu la terreur, si il parvenait à le libérer la vérité serait mise à jour et fini le temps du mal !
L’opération était très délicate, il fallait arriver de nuit en bas de la forteresse qui avait les pieds dans la mer, à la nage et sans bruit se faufiler pour pouvoir escalader la muraille. La mission était très difficile, le moindre bruit, le moindre incident et le fort avec sa ribambelle de « chiens » se mettraient en attaque et la bataille serait terrible.
Joseph décida d’y aller seul, une longue corde lui était lové autour de son corps, une fois en haut il pourrait avec le vieil homme descendre en vitesse le long de la muraille.
La mer est noire ce soir, la lune comme prévue est cachée par les nuages, Joseph se glisse dans cette « encre » et sans une ride il nage, la distance est assez longue car le navire s’est mis au mouillage hors du golfe pour ne pas être vu, il lui faudra 2 heures pour toucher terre, comme un félin il sort de l’eau les gardes effectuent à tour de rôle une ronde et chaque tour est espacé de 25 minutes. La muraille est ancienne et les joints de chaux des vieilles pierres se sont érodés avec les tempêtes de sud, Joseph se souvient de sa jeunesse où il ne cessait de grimper sur des roches granitiques, ici ce n’est plus un jeu mais une question de survie, le garde lui passe à porté de sabre et sans attendre il s’élance à l’assaut du mur, tout se passe pour le mieux jusqu’au moment ou il ripe et un peu de mortier se détache. Le garde du haut de la tour averti par le mini « plouf » se penche pour essayer de deviner l’intrus. Joseph habitué des oiseaux de mer imite le puffin cendré et entend dans une langue inconnu le garde pester contre le volatil diurne!
Finalement comme un chat il rejoint la prison, surpris qu’à moitié le prisonnier savait que son salut viendrait par la mer. Sans perdre de temps Joseph prend sur son dos le vieil homme décharné et se lance dans un rappel rapide comme l’éclair, la descente bien que brève ameute les « chiens » et très vite l’alarme est sonnée, tout était prévu : une chaloupe pourvue des meilleurs rameurs était déjà en route une autre équipée de tireurs à mousquets est prête à faire feu. La cloche retentie, l’alarme est donnée, les meurtrières reçoivent les canons et les tireurs mais là bas au fond de la baie surgit le Santa Liberta, avant que personne ne comprenne la felouque ouvre le feu, les rameurs souquent comme des malades, les balles fusent de toute part, d’un côté comme de l’autre la poudre fait des ravages. Finalement tout le monde rejoint le bateau ; on ramasse au plus pressé les blessés et les voiles sont établies pour sortir au plus vite du golfe qui peut être une nasse. Mais voilà devant eux trois felouques à la baniére du Bey d’Alger leur coupent la route. Ils n’ont plus le choix le bateau est lancé et c’est à l’abordage que les hommes de Joseph se lancent, le choc est violent, les coques se sont encastrées et le corps à corps transforme la mer en un lac de sang. Au sabre, au mousquet, à la hache, la vie ne tient plus à rien, les hommes tombent mutilés, défigurés, les corps sont de suite engloutis par la mer noire et blafarde. Joseph est blessé mais il ne cesse de se battre il a mis le vieil homme à l’abri du moins il le croit car dans un effroi intense il s’aperçoit qu’un maure à fracturé la trappe de la soute à voile où le sage est caché, à son tour il se jette corps et âme dans les entrailles du bateau et devine le corps de son vieil ami sans vie qui baigne dans son sang , il n’a pas le temps de réagir qu’il sent une immense douleur sur sa jambe droite, la lame du sabre ennemi vient de lui trancher son mollet droit, le sang jailli comme d’une fontaine mais l’épée transperce la cuirasse de son assaillant qui en s’écroulant lui tombe dessus.
Joseph se sent faiblir et sombre dans un longe et profond coma…/…
Suite au prochain épisode !
Dis moi Jo Zef c’est quand même bizzare ce corsaire ?
Tu serais pas un arrière arrière arrière arrière petit fils !!!
Et range moi ce couteau tu vas te couper !!!
Sacrée mascotte
A pluche !