Il était une fois 4 petits cochons qui vivaient avec leur maman. Un jour, leur maman leur dit, les yeux pleins de larmes :
– Vous êtes grands, maintenant. Cassez vous !
Alors dès le lendemain, ils partirent avec leurs baluchons et cherchèrent un endroit pour établir leurs demeures.
Le premier petit cochon était bien rose et bien gras, et il aimait bien se reposer. Alors quand il croisa un fermier avec des bottes de foin, il les lui demanda. Le fermier les lui donna. Le petit cochon bien gras en fit, vite fait, une sorte de cabane et s’installa dehors pour faire la sieste au soleil.
Le loup, qui passait par là, s’approcha. Le petit cochon se réveilla juste à temps pour aller se réfugier dans la maison de paille.
– Petit cochon, gentil petit cochon, laisse-moi entrer !
– Non mais oh tu te crois où ? Plutôt crever !
– C’est bien ce qui risque de t’arriver…
– Laisse moi dormir tranquille !
Et le loup souffla, et souffla… et la maison s’envola.
Le petit cochon, bien rose et bien gras, tenta la technique du CFC (*), mais après 8m de sprint le loup, beaucoup plus rapide, le chopa. Après lui avoir volé tout son liquide et fait avouer son code de carte bleue, le loup le tua devant des bourgeois qui passaient par là. Evidemment personne ne bougea parce qu’on ne sait jamais. Les loups, des fois, ils ont de bonnes raisons pour tuer les petits cochons. Il faut les comprendre.
Le deuxième petit cochon était un baba cool. Il était en pleine forme, svelte et bien portant, et il mangeait plein de légumes de saison. Il voulait que son habitat soit économe en énergie et il souhaitait pouvoir utiliser des matériaux recyclables pour avoir un impact minimal sur l’environnement. Donc il paya super cher son bois Red Cedar venu de l’autre bout du monde en avion et réussit à épater tous ses copains baba cool en disant qu’il avait une maison totalement saine et que lui au moins il ne pourrissait pas la vie de la terre. Il oublia de penser au fait qu’il habitait au beau milieu d’une magnifique zone boisée qu’on avait déboisé juste pour lui et qu’il se tapait 40km en bagnole tous les jours pour aller bosser.
Le loup passa par là alors que le petit cochon baba cool était en RTT. Le petit cochon se réfugia dans sa maison.
– Petit cochon, gentil petit cochon, laisse moi entrer !
– Eh arrête c’est pas cool… et c’est mauvais pour ton karma de m’agresser !
– Non mais en fait je vais pas juste t’agresser…
– Allez, je suis sûr que si on prend le temps de se parler en ouvrant nos chakras…
Et le loup souffla, et souffla… et la maison en Red Cedar s’envola.
Le petit cochon baba cool eut plus de chance que son frère. Il était svelte et rapide, et il courut plus vite que le loup. Et il arriva rapidement chez le troisième petit cochon.
Le troisième petit cochon était bien préparé et un peu parano. Il vivait dans une maison en béton armé, il avait des barbelés et des caméras de surveillance. Avant de laisser rentrer son frère qui arrivait en hurlant et en pleurant, il lui demanda de regarder dans le système d’identification biométrique. Avant que l’autre ne comprenne, le loup était là et l’avait choppé.
Alors le loup, juste devant la porte fermée, vola tout le fric du petit cochon baba cool et lui fit avouer son code de carte bleue. Ensuite il l le tua, et le cloua sur la porte blindée. Et il gueula :
– petit cochon, gentil petit cochon, laisse moi entrer sinon il va t’arriver la même chose !
– mon frère était un faible et un communiste ! Moi tu ne m’auras pas. Casse toi ici c’est une propriété privée !!!
Alors le loup souffla, et souffla… et la maison resta là.
Alors là le loup s’énerva et décida qu’il allait l’avoir à l’usure. Il s’éloigna des caméras de surveillance, et quand un camion de livraison se pointa, il l’intercepta.
– tu vas où comme ça, petit gars ?
– je vais livrer trois caisses de munitions au petit cochon parano.
Alors le loup choppa le livreur, lui prit son uniforme, lui arracha un rein, lui vola son fric, lui fit avouer son code de carte bleue, etc, etc. Puis il prit le camion et roula.
Arrivant près de l’entrée, le petit cochon parano l’attendait près du portail.
– c’est pas trop tôt, j’ai commandé ces munitions sur Internet depuis au moins trois mois ! En plus y’a un loup dans les parages. Vous l’auriez pas eu en visuel, par hasard ?
– Si. Il est devant toi gros c*n !
Et là le petit cochon parano dégaina son spray, lâcha une giclée d’OC en gel dans la truffe du canidé, et tenta de se retirer dans sa maison. Mais hélas le loup fut, même aveuglé et la morve au nez, plus rapide et coinça la porte avec son pied. Impossible de la refermer… le petit cochon parano eut tout juste le temps de chopper son 12 à pompe et ses munitions . Il descendit en rappel de son balcon au moment où le loup commençait à récupérer. Et le petit cochon stressé décida de partir au pas de course vers les montagnes…
Mais vu comme il était chargé, et vu tout le temps qu’il passait sur les forums de survie US, le petit cochon parano n’avait pas un très bon cardio et du coup même s’il avait de l’avance, le loup le suivit à la trace sans se presser et le rattrapa tranquillement. Après 5h de marche forcée, le petit cochon parano s’écroula et serra son 12 à pompe contre son coeur qui battait comme un fou. Et, complètement épuisé, il s’endormit. Le loup qui avait encore les yeux qui piquaient entendit des ronflements. Il s’approcha sans bruit, et se rendit compte que le petit cochon parano n’était rien sans sa maison blindée. Il le désarma, lui piqua ses munitions, son argent liquide, son or, puis il l mit fin à ses souffrances seulement quand il avoua le code de son coffre et l’emplacement de sa cache d’armes.
Le quatrième petit cochon était étrange. Il était tout poilu, rapide pour sa corpulence, et ses canines étaient plus longues. C’était un petit cochon sauvage. Et tout le monde avait peur de lui parce qu’il pensait librement et n’avait besoin de l’autorisation de personne pour être bien dans ses baskets. En plus il disait ce qu’il pensait et il trouvait toujours des solutions à tous les problèmes. Il passait le plus clair de son temps dans la forêt et dans la montagne, ou alors il venait en ville de temps en temps pour voir des potes et s’acheter du sel ou une gamelle. Il avait une ouïe très fine, un odorat sans pareil, une vue nette, et il ne se privait pas pour voir, entendre et sentir les choses de très loin. Il menait une vie simple, et se satisfaisait de peu, parce que ça lui permettait de profiter de la beauté de la nature, de se sentir libre et indépendant, et parce qu’il aimait ça, tout simplement.
Quand le loup se pointa à l’orée de la forêt, une pie s’en offusqua, ce qui dérangea un écureuil, ce qui énerva un acacias, qui le dit à une chenille processionnaire, qui frissonna. Ce frisson n’échappa pas à l’oeil du petit cochon sauvage et son cerveau traita instantanément l’information en lui transmettant un petit sentiment désagréable.
Le petit cochon sauvage se rappela de son pote le Héron et se dit « quand ça sent la m*rde c’est qu’il y en a une pas loin ». Alors le petit cochon sauvage fût particulièrement sur ses gardes pendant cette journée, et alors qu’il cueillait des fleurs de tussilage pour soigner la toux d’un vieux du village, il sentit une présence dans son dos.
Il se releva, scanna à 360, en code orange, et prit à la main son bâton à longues oreilles.
– eh, le loup, tu peux sortir de ton buisson, y’a ton cul qui dépasse…
– petit cochon, gentil petit cochon, euh…
– laisse moi entrer, c’est ça que t’allais dire ?
Et au moment où le loup réfléchissait à la question, il mangea un rabbit stick dans sa gueule, suivi par une avalanche de coups en variant les niveaux. Ensuite le petit cochon sauvage scanna à 360 et décida qu’un peu de protides lui feraient du bien. Alors il ouvrit les fémorales du loup, fouilla dans son sac et y trouva des armes à feu, du fric, de l’or et plein de munitions qui allaient l’aider grandement pour la chasse. Pour le reste, c’était plein de bordel et de gadgets inutiles. Le sac à dos était pas mal, mais il était beaucoup trop grand, donc il enterra tout cet attirail sur place.
Le soir venu, dans une clairière, la moitié du loup mijotait sur le feu de bois avec des carottes sauvages et des topinambours, et l’autre moitié, les morceaux les plus tendres, était déjà coupée en lamelles et séchait tout doucement dans le fumoir, à côté de l’alambic clandestin. Et le petit cochon sauvage raclait une belle peau qui ferait un beau manteau pour le vieux du village qui avait toujours froid en hiver. Il n’avait toujours pas de maison et il s’en foutait parce qu’en fait il avait des vêtements chauds et un bon duvet. Et de dormir caressé par l’air frais et l’odeur des plantes de la forêt valait tous les palaces du monde !
A vous de trouver la morale ?