La renverse
La Tramontane est virulente pas moyen d’aller batifoler en pagayant. Je viens de recevoir finalement le nouveau flotteur bâbord de mon kayak, c’est la bonne journée pour effectuer son difficile remplacement. Immaqa est dans une posture assez causasse la peau à l’envers…
Le vieux ponton de planches ajournées me demande toute ma vigilance, une maladresse et hop le couteau fétiche au bain. Les rafales sont typiques à la Tramontane, violentes et désordonnées, l’eau de l’abri est verte, mais quelque chose semble changer. Le courant imperceptible pour l’urbain vénérant le Dieu Chronos, ne pourrait le déceler, mais l’habitant de la mer lit un flux d’eau léger opposé au vent. Les oblades reviennent par dizaines se réfugier sous mon vieux Cabochard, la baie retrouve une vie sous-marine agitée, le prédateur chasse et les cormorans huppés ont bien compris que le restaurant venait d’ouvrir. Par vent d’Est, le poisson rejoint les profondeurs, mais que diable leur prend-il de venir narguer le pagayeur-réparateur de kayak blessé ? Les nuages semblent effectuer un remplacement, la deuxième mi-temps est donnée, je sens la renverse. Le calme envahit la baie, plus un bruit, tout est perceptible. Là-bas au loin un faible ron-ron, une voiture doit se rendre aux courses incontournables du samedi, un claquement soudain !… Des marcassins sont depuis peu orphelins.
Je stoppe mon activité, je savoure la quiétude, un air de Yukon me caresse le visage. Le silence, celui qui ouvre la voie, celui qui fait trembler le nomade bruyant. Plus le moindre air, je retiens ma respiration car je sais que cela sera éphémère. Un grand splash, un loup vient de capturer sa proie. L’aigle balbuzard tournoie lui aussi en quête de pitance. Le pavillon arborant la tête de Maure se redresse, la liberté retrouvée il affronte le p’tit Maestrale qui décide de nous rendre visite. Là-bas au large, la barre sombre nous présage un bon vent pour une nuit au mouvement de la houle berçant l’unijambiste errant.
Immaqa a retrouvé sa jeunesse avec une réparation d’une belle blessure d’expédition et sous sa nouvelle bâche il va pouvoir, comme son ami, attendre un nouveau départ pour d’autres aventures à cloche pied…
C’est rigolo « ton cabochard » est de la même année que moi … qu’il continu à t’apporter paix et quiétude, tout en te faisant encore vivre des rencontres et des aventures remplies d’amour et plus encore … bisous à toi et à Jo-Zef bien sûr 😉