J’ai beaucoup de demandes dans mes rencontres et j’ai essayé de décortiquer le sujet et de le noter noir sur blanc.
L’aventure est un vaste mot qui vient du latin adventura (ce qui doit arriver), il englobe beaucoup de choses.
On me définit comme aventurier, en vérité c’est un mensonge car chaque vie est une aventure et mon quotidien est fait de routine. Ce sont les autres qui en voyant mon rythme de vie me définissent en tant que tel.
J’admets que ma vie est un peu atypique, ma pension des anciens combattants est un solide soutien, mais j’en connais beaucoup qui ont le même titre sans trop se mettre en danger.
Je crois qu’à la base on naît avec, je n’ai jamais pu penser comme les autres ce qui me valut pas mal de soucis avec les institutions (école, armée).
Ensuite c’est ce côté chien fou, mais craintif en même temps qui est important. Larguer les amarres doit être fait une fois, non pas par force ou obligation, mais par conviction. Le premier pas est important, ensuite les « excuses ». Elles viennent taper à la porte les premiers jours, elles amènent dans leurs besaces les doutes et les remords. Je suis fou d’avoir tout largué, je suis fou d’avoir rompu avec la copine trop « non-non », je suis fou de laisser tomber mon boulot et l’avenir qu’il allait m’apporter et puis si je tombe malade…
Le mental rentre en jeu, comprendre que cela est sa voie. Puis le premier défi, finalement on s’aperçoit que ce n’était pas si difficile que ça, puis on croise des autres « fadas » qui parleront le même langage. Les rencontres sont rares surtout de part chez nous, l’Europe est devenue un aseptiseur de rêveurs aiguës.
L’entourage est très important, il ne comprend pas et vous blâmera, donc à vous de vous imposer. Se réaliser en se moquant du « qu’en dira t’on ». La compagne est aussi la base de la réussite, jamais une fois Véro ne m’a freiné bien au contraire elle en est le moteur. Avant elle, certaines ont essayé de me calmer je suis devenu un souvenir d’un gars hyper actif au mauvais caractère.
Les pions se mettent en place tout seul, puis les seuils d’aventures grandissent, ma première fût de partir pendant 4 ans naviguer avec mon bateau, l’arrivée du Cabochard à Gibraltar restera un des grands moments de ma vie. Là-bas j’y ai rencontré des gens qui avaient le même regard, la même folie non maitrisée. Je trouvais pour la première fois des frères et sœurs de vie.
L’idée murit, pourquoi ne pas continuer, ne pas franchir un autre pallier, je commence à écrire pour une revue nautique. Puis je rêve de plus fou, plus loin encore, alors je démarche mon premier sponsor et là c’est un flop ! Je sais que je commence une nouvelle vie. Les signes se succèdent et vous guident quand le doute secoue l’embarcation.
Je suis aventurier à part entière, je ne veux pas d’intérim, je veux porter cette parka 365 jours par an. Il m’est inconcevable de faire autre chose : vivre mes rêves les plus fous. Je ne veux pas devenir professionnel car j’aurais trop peur de m’enlever cette flamme de liberté, mais en même temps je ne veux pas que cela me coûte. Un juste milieu entre l’amateur et le professionnel.
J’en croise de temps à autre ; les festivals d’aventures ont cette faculté de nous réunir juste assez pour se sourire, jamais nous ne parlons de nos récits. Vous ne parlez pas de la couleur de votre voiture, du bilan de votre société, vous ne faîtes pas visiter votre appartement quand un nouveau arrive chez vous, vous ne laissez pas la télé allumée quand vous êtes entre amis…
Alors entre nous on parle de religion, de neige, de langue, de désert, d’éditeur…Vous voyez la routine. Je reviens d’un long voyage, mais dans ma solitude du grand Nord déjà des histoires venaient me gratter le bulbe de nomade. Vivre en immeuble, en pavillon, dans le même port, non merci. Chaque jour est le départ d’une journée incroyable, cela demande aussi une éthique, une dureté avec soi même, intransigeant intimement et exigeant avec l’équipe formée. Les tentations sont énormes, mais il faut savoir se diriger, ne pas s’égarer, garder le cap. Il est très facile de devenir l’insecte qui fonce dés qu’il voit une lumière, l’ombre est le dojo de l’aventurier déterminé.
Bien sûr dans ce milieu il y a plusieurs niveaux, les purs qui vivent toute l’année dans leurs tripes, j’en fais parti, mais nous sommes les intégristes de l’aventure. Les médiatiques : grandes productions de documentaires qui a mon gout sont des réalisateurs hollywoodiens, mais la ménagère aime et adhère (soupir), puis les intermittents qui en goute une de temps à autre, mais qui doivent gérer tout un entourage réfractaire.
Le sujet est vaste, mais je crois que j’en ai donné les trames, pour finir quand on me demande une info sur une préparation de tel ou tel projet, je suis acide, décapant, car ma réponse est toujours identique. Si tu me demandes un conseil alors le seul que je puisse te donner c’est ne pars pas, car quand tu seras face à toi-même au milieu de nul part seul toi devras le gérer et mes avis seront absolument inutiles.
Créer son histoire de A à Z :
Avant de gravir la montagne fais ton premier pas et apprends à être souvent seul. (Elle est de moi !!!) (Rire)
Comme tu le dis nous sommes tous des aventuriers car on vit tous une sacrée aventure qui s’appelle « Vivre ».
Mais les gens aiment bien donner des qualificatifs comme aventurier et sportif de haut niveau.
Personnellement je ne suis ni l’un ni l’autre mais j’ai choisit de vivre tout simplement.
C’est souvent compliqué de larguer les amarres. Raison de plus quand votre femme ne vous soutien pas mais c’est encore plus difficile de revenir même si vous êtes impatient de revoir vos proches.
Lors de ma traversée de l’atlantique à la rame avec Angela j’ai vécu une sacrée aventure humaine et bien avant de traverser lors de la préparation. Pendant la traversée j’ai vécu un rapport hors norme avec l’océan. Mais cela je le garde pour moi car il faut le vivre pour le comprendre.
A mon retour, on me disait Marin. Je suis mort de rire. J’ai juste traversé parce que l’océan à bien voulu me laisser passer mais je suis loin d’être un marin.
Le plus dur fut le retour. J’étais encore dont mon monde, dans cette aventure.
Les gens vous idéalise comme si vous étiez exceptionnel alors qu’il n’en n’est rien.
Vivre ou Mourir faut faire le choix tout simplement…
Mourir c’est pas pressé, on a toute la vie pour ça.