Et oui encore dans mon maquis dense et isolé, mais n’allez pas croire que j’ai changé de vie, absolument pas ! J’ai retrouvé dans ce paradis de ronces et de fougères la sérénité que j’avais connue il y a bien longtemps aux iles Lavezzi. Mais voilà l’archipel des Bouches de Bonifacio s’est fait happer par le tourisme de masse et l’urbanisation des lieux, alors j’ai posé mon sac ailleurs. Là au milieu de la forêt j’y ai retrouvé ce qui m’amusait dans les iles au granit. L’histoire est enfouie sous la mousse et la fougère, je la sens, je la hume et ici je sais que je ne serai pas dérangé par les empêcheurs de rêve. Alors je songe, montant maintes projets, je les annonces à Véro, elle me connait bien et sait que pour la plus part ils prendront forme. J’ai une idée qui revient sans cesse en boucle, je ne veux personne sur ce territoire vierge, sauf quelques privilégiés ; mais qui ? Patience on y arrive :
Dans une sorte de Guyane insulaire, de lianes et de ronces le cabochard cogite. Et si j’ouvrais une brèche pour passer avec une joelette, mais la densité de la flore n’aime pas le tête en l’air ! Ok vous n’avez jamais entendu parler de cet outil ; une joelette est une sorte de fauteuil roulant tout terrain qui n’a qu’une seule roue et qui peut passer dans des endroits très accidentés, elle est tractée par deux accompagnants. Donc en tant que rêveur je m’imagine guider un gamin à mobilité réduite dans mon Eden. Mais voilà devant moi un Everest de végétation ! Le premier boulot est de deviner le meilleur terrain pour avoir des pentes douces et non piégeuses, puis définir où traverser le torrent sans risque. Je visualise et me lance à mains nues, je m’attaque au maquis, il est consentant mais le travail est titanesque, comme je les aime. J’aurai pu appeler à la rescousse mais non l’âme du solitaire est trop forte, les « moi à ta place » ne sont pas admis ici ! Je trouve ma piste, je la vois s’ouvrir devant moi, puis je prends le rythme, je progresse très vite ; Véro me rend visite elle prend part aux travaux, sa charge est d’ouvrir le nid de ronces qui coupent le gué du torrent. Telle la coiffeuse, avec son sécateur elle offre une coupe au bol au murier sauvage ! Les arbustes sont déracinés, certains doivent être tronçonnés, les pierres de granit qui barrent le passage sont savamment déplacées, qu’Hercule se tienne à carreau je le prends où il veut au jeu du caillou roulé. Pendant deux jours je sue à grosse goutte, j’en arrive au bout. La tronçonneuse m’offre un tatouage supplémentaire, une erreur d’inattention et elle vient me mordre le genou, le bon bien sur ! Pas de trousse à pharmacie dans la forêt, je suis dans un vrai laboratoire bio. Une feuille de Nombril de Vénus me sauve de l’hosto et des points de suture, il suffit de lui ôter sa mince peau et de l’appliquer comme pansement et voilà un matelot tout neuf. Finalement le chemin est ouvert et un rêve va se réaliser, bientôt un petit « différent » va pouvoir découvrir mon camp de corsaire des bois.
Ces moments m’apportent une énergie débordante et après trois jours de maquis ce matin je n’ai pas pu me faire doubler en vélo dans les bosses de Roccapina et sa région. Désolé les gars je sais que je suis un poil taquin quand les attaques viennent !!! Donc mi-juin je vous raconterai, j’en suis sur une belle histoire : Il était une fois un nomade des bois qui connaissait les Elfes et fées des forêts, là bas dans la citadelle des marais salants vivait un petit homme, la sorcière Carabosse lui avait ôté la mobilité mais ce n’était pas connaître les pouvoirs de la forêt enchantée… A l’entrée du lieu des Djinns un panneau avertissait l’égaré : Attention forêt enchantée des maux rôdent et s’envolent…
Norra et Jo zef réclament la suite du conte…
Véro, coiffeuse de mûrier et toi rêveur de paradis partagé, quelle belle image.
Bonjour, comme Nora et Jo il me tarde la suite de ce conte qui va je suis sûre être magnifique et plein d’ émotions très fortes….un ptit free man va « renaître »…
J’adore! L’idée est superbe raison de plus pour nous qui sommes un pneu handi mais surtout bipède et avons la chance de la liberté de nos mouvements. C’est pas le cas pour tout le monde. J’admire ceux qui pensent à eux pour les autres… Car dans le fond la vie est faite aussi de partage simple de voyage, de découverte et d’aventure. On a pas le droit de laisser à l’écart ceux qui ne peuvent pas avoir cette chance de liberté.