Pour la semaine du nouvel an, j’avais comme une sensation de dernier voyage avec Immaqa (kayak d’expédition du Yukon), je naviguais en confidence avec un copain qui avait su m’accompagner dans une longue odyssée du Grand Nord.
Juste avant de partir on me livrait un kayak blanc en fibre de verre. J’étais très attelé à mon départ pour notre robinsonade de fin d’année, mais j’avais senti Immaqa un peu surpris de devoir partager le ponton avec un blanc bec.
Un nouveau beau projet en tête je me dois de former la nouvelle équipe. Immaqa est puissant et surtout très marin, je l’ai testé dans les bouches de Bonifacio par force 7 avec 2,5 mètres de creux et je me suis toujours senti en sécurité. Dans la descente du Yukon, vers la fin quand le fleuve était gigantesque les gros coups de vent ne lui ont jamais posé problème. Un seul petit reproche, il est lourd donc il faut beaucoup d’énergie pour le faire avancer.
Depuis longtemps j’avais entendu parler du kayak blanc dont je tairais le fabriquant et le voyais bien comme compagnon de route de ma prochaine aventure été 2012. Une balade en mer polaire lointaine. Une embarcation plus légère donc plus rapide…
Ce matin une houle de 1 mètre ondule ma belle Méditerranée, le vent est quasi faible et le soleil donne un air estival à un hiver qui ne veut absolument pas venir dans l’île de beauté.
Je charge le « jeunot » blanc et prend la route, c’est vrai que ça file !
Mais la sensation que j’ai de mon embarcation ne me rassure pas, je suis très serré dans son hiloire et de plus il y a vraiment peu de place pour charger du matériel. La sortie du golfe me confirme que la houle est bien présente, je pagaie quasiment à 8km/h, je file comme un missile. 4 dauphins communs chassent autour de moi et le soleil envoie les gaz. Le vent passe au Nord-ouest et l’onde de fond prend du volume, je fais un arrêt café, reçois un coup de téléphone d’un p’tit basque qui me confirme que chez lui aussi l’océan ondule.
Je me mets en chemisette tellement il fait bon. Je louvoie de crique en passe et tente le diable ! Un amas d’îlots rend le passage toujours très agité en cas de flux de Nord-ouest, je vais y mouiller la pagaie.
Avec Immaqa nous avions affronté pire donc je veux me rendre compte. Je batifole vers la mer de Barents, je rêvasse de golfe de Botnie, je fredonne des airs de Trolls… Mais devant moi ça déferle !
J’y vais, c’est mon boulot non ? Première vague je prends de l’altitude, deuxième je tombe dans un gouffre, troisième, je chavire !
Le cockpit est très serré et ma prothèse est coincée au fond du palonnier. Je suis sous l’eau tête en bas et je sens les écueils très proches. J’essai de retrouver un semblant de calme et m’extirpe avec beaucoup de chance. Je ne suis pas dans l’eau mais dans une marmite en plein bouillon. Je suis surpris car j’ai une sensation d’eau tiède, je retourne mon esquif et tente de remonter à bord.
Dans ma baignoire je reprends mes esprits et double le cap pour aller me refugier sur une plage de sable… Je vous confirme qu’on est bel et bien en hiver !
Immaqa est dans mon hangar et je le sens fier d’avoir compris qu’il sera du prochain raid.
Le jeune blanc bec m’aidera aux entraînements, mais surement pas pour mon voyage en eau du grand Nord chargée de pièges…
Chaque jour est une leçon de vie. Aujourd’hui il m’en a fallu un cheveu pour y laisser ma peau, un endroit que je connais par cœur. Comme quoi !
« Si vous ne risquez rien, vous risquez encore plus. »
Erica Jong
Heureusement que ton expérience t’a permis de sortir de ce mauvais pas… attention à toi Frank !! tu vas inquiéter la mascotte !!! Bises Cathy
En Ardèche J ‘ai connu cette expérience de chavirer et de me retrouver collé sous un rocher, On a beau savoir nager il est vrai que l’on en mène pas large , et seul le calme peux nous tirer d affaire. Depuis ce jour je mets tours mon gilet de sauvetage.
prends soin de toi Frank
tu sais les accidents ont lieu sur le trajet du travail ou que l’on connait si bien. On relâche la pression.