Entre gregale et tramuntana…

26 décembre 2008 par webmaster Laisser une réponse »

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La tempête cette fois n’est pas de sud ouest mais du levant, çela a commencé cette nuit en leger Sud Est qui s’est transformé en Est (grégale en corse) et se maintient maintenant en Nord Est (tramuntana). Les marins n’apprécient jamais le vent d’Est on dit qu’il rend fou et surtout ses vagues sont trés rapprochées et cassantes et abimes les bateaux et les hommes de bord. Hier jour de noël j’ai trouvé au large une embarcation vide que j’ai pris en remorque, un cadeau de la mer.
Mais comme dans chaque tempête malgré que la vie à bord du Cabochard soit douce et bien sèche je me transforme en chat pour écouter chaque bruit non habituel, mon cable électrique branché sur la borne du vieux ponton en bois est sectionné par la tempête : ciré, frontale je pars réparer pour remettre le jus à bord ce soir dame Vrai est de passage et le chauffage doit maintenir le carré bien au sec malgré la tempête qui fait rage.
Depuis plus de 40 jours je surveille par le net la course du vendée globe et ce soir dans le vent et la tempête je souris car ce ne sont pas les 40 noeuds de vent qui vont m’empêcher de dormir au chaud avec ma belle, le Cabochard a les gardes doublés voir triplés et même si il fait grand vent, la vie à bord reste bien qu’un peu chahuté agréable. Je ne peux m’empêcher de penser à ces gars et ces filles dans les latitudes sud en solo en train de vivre ou plutôt survivre à des mers qu’aucun film aucun discours ne peut décrire. J’ai mon chou chou, Roland Jourdain dit Bilou on s’est connu à la neige bizarre pour des habitants de la mer ! Allez Bilou on compte sur toi et ce soir dans cette longue de nuit quelques mots d’un des plus grand marin de tout les temps Bernard Moitessier et son pote Josuha…

Le Cap Leeuwin est à plus de 2 500 milles derrière Joshua…
Pourtant Joshua l’a doublé pour de bon il y a seulement vingt minutes.
Car la géographie du marin n’est pas celle du cartographe
Pour qui un cap est un cap avec sa latitude et sa longitude.
Pour le marin, un Grand Cap représente un ensemble à la fois très simple et extrêmement compliqué
De cailloux, de courants,
De mers déferlantes et de mers belles,
De jolies brises et de coups de vents,
De nuits blanches, de joies et de peurs,
De fatigues, de mains qui font mal, d’estomac vide,
De minutes merveilleuses et parfois de souffrances…
Un Grand Cap ne peut pas être traduit tout bêtement en longitude et latitude.
Un Grand Cap a une âme.
Avec ses ombres et ses couleurs, très douces et très violentes.
Une âme aussi lisse que celle d’un enfant,
Aussi dure que celle d’un criminel…
C’est pour ça qu’on y va.
Ce n’est pas pour le fric, ce n’est pas pour la gloire,
C’est pour l’amour de vivre.
C’est cela un Grand Cap.
Reste le Horn… »
Bernard Moistessier : journal de bord du 28 décembre 1968 par 47°27 S et 166° 47 E

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