Quel vent contraire les copains ! c’est un coup à perdre une jambe !!! Je pédale mais ma tête vagabonde, mon petit camp planqué là-bas entre torrent et maquis m’occupe l’esprit, une manière originale d’envoyer le Grégale* se faire voir. C’est quand même bizarre de toujours vivre en marge de la société, je vous promets je ne me force pas, c’est un équilibre qui me rend serein. Mais en y pensant bien mon quotidien est souvent teinté de solitude choisie et je l’alimente, une alchimie où j’emmagasine beaucoup d’énergie que de temps à autre j’aime partager. Mais en y réfléchissant bien nous y sommes une poignée à vivre de cette manière ! Entre deux rafales j’entends le chant des grenouilles, non pas celles des marais mais du signal de mon portable qui indique un SMS, mais la pensée est plus forte que le virtuel. 70 km après je procède à mes étirements quand je réalise qu’un fournisseur de téléphonie a gagné une action en bourse grâce aux messages que l’on m’a laissé ces derniers jours ! Ce n’est pas vrai ; Niko mon frère de glace m’envoie un kutaa* de Kullorsuaq sur la côte Ouest du Groenland, il y retape sa bicoque. Waouh mais je ne suis plus seul à faire des trucs pas dans les clous ! Voilà une news qui fait du bien, la routine tue tout, une petite maison, un petit boulot, le samedi les courses, « krotte en tas » à la télé pour la touche d’exotisme, les 50 ans du copains, le baptême du p’tit dernier, le mariage du cousin et la même station de ski familial depuis 20 ans ! Une corde, une corde messieurs les bourreaux ! Niko a tout plaqué pour être libre et vivre sans fil au pied ; un privilège à notre époque. Tout le monde est devenu otage du conformisme et dans ce frère de glace je retrouve ce côté insaisissable qui nous rend libre comme le vent. Dans mes voyages du bout du monde de temps à autre je croise un frère ou une sœur nomade, leurs choix de vie est simple : quitter la voie tracée pour ouvrir un sentier inconnu. De plus en plus nous avons la chance de pouvoir communiquer mais une fois de plus le trop tue le nécessaire. Plus personne ne tient ses promesses, les avis changent aussi vite que le vent tourne en Méditerranée, alors pourquoi vouloir refaire le monde, il suffit de construire le sien sans vouloir ressembler à qui que ce soit. Au plus vite je vais aller encore monter quelques murs de pierres sèches, là-bas dans mon repaire de brigand, loin des paons qui paradent. A propos savez-vous comment communiquent ces volatiles ? Non ! Soyez attentifs, je suis sur qu’il y en a autour de vous, souvent ils criaillent « moijaifait » et « jauraipuêtre ». Je ne suis pas chasseur mais c’est vrai que la chevrotine me tenterait bien ! Les bruits des clous qui fixent la planche de la cabane verte à Niko croisent les martèlements de la massette qui ajuste le bout de granit pour bientôt y abriter bientôt une laitok*. Lui, au Groenland où dans la langue inuit pour dire femme on dit « Arnaq » et fille « Panik », moi, en Corse où arnaque et panique ont toutes autres significations ! Par la pensée je vais lui envoyer un peu de figateddu arrustitu* et lui m’enverra un bon suaasat*…
Comme le disent si bien ces peuples du grand Nord : La terre ne nous appartient pas elle nous a été prêtée par nos enfants.
* Avannaa- Kujataa : (inuit) Nord-Sud.
* Grégale : (corse) Vent d’Est.
*Kutaa : (inuit) Bonjour.
* Laitok : (lapon) Tente saame.
*Figateddu arrustitu : (corse du sud) saucisse de foie de cochon grillée.
* Suaasat : (inuit) Bouillon de phoque.
Quelques clichés que j’ai chipé sur le face book de Niko: Copyright bien sur:
Salut Frank (kutaa), on connaissait la solitude du coureur de fond, maintenant on va envisager la solitude du penseur de fond…
je crois que je saisi ce à quoi tu fais allusion lorsque tu évoques les promesses non tenues et les avis qui changent aussi vite que le vent tourne en Méditerranée. En fait, le vent est un paramètre incontournable. Le reste est affaire de girouettes dont le seul art est de savoir prendre le vent.
N’est pas « foc » qui veut et difficile d’avancer avec une mentalité qui faseye au moindre souffle d’intérêt contraire comme une voile mal bordée. Ne lâche pas l’affaire, ta cause est juste…. Bonne retraite dans ton repaire (repère ?!)
A pluche,
Jean-Marc
La plus grande richesse est la liberté… Tu l’as bien compris comme le jeune Niko qui a pris le « large » vers l’aventure. Notre problème est simple. Nous sommes des forbans. On aime vivre là ou le vent nous mène… J’aime le contact humain mais j’ai aussi besoin de ma solitude pour faire face à moi même. Pour Niko, je crois que le garçon a soufflé ses bougies this days… et mangé un gâteau congelé mais sur que là où il est… Ce que certain appellerons l’enfer, lui est dans son paradis 🙂
Kutaa Jean-Marc, avant la solitude du coureur de fond j’étais le solitaire penseur, je retourne aux bases, mais de temps à autre j’aime changer une lettre à « solitaire » pour le transformer en « solidaire »…
A pluche
PS: Amiral Festor, pensez à pédaler le verdict arrivera bientôt… Bise aux Mirabelles!
Super, on va donc créer une nouvelle « course en solidaire » ! 😉
A pluche
PS : note que je mets le terme au singulier pour les ceusses qui voudraient la faire de façon « solidaire et solitairement » ou encore, « solitaire et solidairement » mais en y réfléchissant bien une « course en solidaireS » c’est mieux !