6h15 le ciel est scintillant elles sont là pour protéger Thierry, la brise faible vient de la terre et la mer semble figée. Tout semble réuni pour une sacrée belle journée de « baignade ».
Un comité de soutien est bien présent, au diable la grasse matinée, c’est bien connu le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt le matin.
Tout est vérifié deux fois au moins, U Dolfinu son surnom en Corse, est concentré, cette fois c’est lui qui a tout organisé de A à Z. Demande d’autorisation, charge d’entrainement, équipe de sécurité, partenaire…
Bien sur il a découvert la cupidité de certains chasseurs de paillettes qui comme le papillon qui se jette sur la lanterne au risque de bruler ont préféré le lâcher au dernier moment pour un autre événement où ils risqueront de poser avec quelques stars. Thierry n’est rien de tout cela c’est plutôt cette bougie qui éclaire le chemin de ceux qui sont dans l’obscurité, plus le chemin est noir plus il guide…
Je le prends entre quatre yeux comme je le faisais avec les hockeyeurs Helvétiques : ton drame, les multiples humiliations de ta vie sont la raison pour laquelle tu es là ce matin, cette traversée tu ne l’as fait que pour toi, absolument que pour toi et quand tu seras allé au bout de toi même, satisfait d’un boulot bien fait tu pourras transmettre, donner, échanger… nage et aime…
Un peu ému à 7h22 nous le voyons partir vers son destin.
Laurent qui a participé à tous ses entrainements sera son guide en kayak, Niki sur un gros semi rigide aura l’équipe de télé et quelques amis, Don-Jean sur sa grosse vedette accueillera les proches du nageur; quand à moi je serai sur mon pneumatique à suivre l’incroyable aventure.
La brise passe à l’Est, c’était prévu, le courant pour l’instant est faible, un ballet aquatique de voir Thierry onduler. Il avance vite sans donner l’impression de forcer ; la moyenne est haute 4km/h.
4h04 pour atteindre la bouée de l’entrée du port de Santa Térésa di Gallura, l’année dernière il avait mis 5h35 pour effectuer la route en sens inverse !
Allez il ne faut pas lâcher ; en plus le vent se renforce et le courant traversier si habituel aux bouches est bien présent. Il faut tricher sur la route et plutôt viser les Lavezzi car la dérive est forte, toute les 30′ Laurent fait un break pour permettre à notre champion de se nourrir et s’hydrater. Il semble frais, ses entrainements de forçat payent et il continue à nous surprendre de part sa lucidité.
Un immense cargo est sur notre bâbord et il semble faire une route de collision, j’avertis le sémaphore de Pertusato et me met en contact avec le commandant il change sa route de 5 degrés et passera à quelques encablures devant nous.
Les falaises blanches de Bonifacio sont bien visibles et finalement nous quittons le chenal où le courant est devenu violent, derrière les cargos et ferry se succèdent mais c’est déjà du passé.
L’îlot de Piana est devant nous, mais ce n’est pas fini, ma petite expérience de plongeur me fait deviner que la dernière passe sera un vrai fleuve et le jus ne sera pas favorable. Effectivement dans une eau turquoise on a l’impression d’être sur un grand tapis roulant, Thierry lutte contre le courant, cerise sur le gâteau, le flux violent est un autoroute à méduse…
Ca y est il est passé ! Le quai de Piantarella est en vu beaucoup de monde, que Dieu vous bénissent…
Nous le laissons seul et amarrons nos embarcations pour aller assister à l’arrivée triomphale de notre héros, il touche la Corse après 8h40 d’effort. Que dire d’autre que BRAVO et merci de ce bout de vie partagé.
Thierry a démontré une fois de plus que les limites se découvrent chaque jour et seul nous pouvons en définir les frontières. Quand je vois tous ces gars esquintés qui font des exploits d’une telle force je me sens rassuré sur les hommes.
Si la vie est une chanson ils sont les mélodies qui rendent les paroles encore plus belles…
Les Limites sont celles que l’on s’impose.
Thierry est la preuve même que lorsque l’on veut on peut.
Merci pour cette belle aventure humaine et ce beau défi.
A titre d’info, il paraitrait que je vais avoir 40 ans en avril. Pour fêter cela, je vais me faire 40km en nageant…
Bon tranquillement et sans palmes.
Normal, j’ai mes 2 bras, ma jambe et un ptit morceau qui va me donner la force d’aller encore plus loin et si je bois la tasse et bien je penserai à toi Thierry…
tout simplement bravo champion bises de la rochelle