Un vaste sujet qui mérite beaucoup de réflexion et de sagesse. En premier je pense qu’il faut définir le mot : drame. Aucun d’entre nous avons la même définition. Nous les Hommes, ne sommes pas atteints de la même manière devant l’effroyable nouvelle. Il y a ce que j’appelle la phase de réception, on prend l’information de plein fouet, nous sommes impuissant sans aucune maitrise, nous ne voulons et ne pouvons pas accepter, aucune personne n’acquiescera de la même manière. Puis la phase de réalisation, un temps plus ou moins long qui à son échéance va nous mettre face à nous même. Je me souviens de ce foutu miroir en salle de rééducation, il me faisait réaliser qui j’étais devenu. Puis la reconstruction ; n’oublions pas que pour rebâtir sur un champ de ruine il faut raser les murs branlants du passé scellés en nous. Cette période est très longue, pour certains ils n’auront pas assez d’une existence pour ce grand chantier. Puis la nouvelle vie peut enfin voir le jour, le passé, le futur, n’ont plus leur place, seul le présent compte. En se retournant on réalise que ce drame fût une sorte de carrefour, à nous de jouer l’alchimiste, vivre son drame comme une chance ou un immense malheur ne le fera pas disparaître mais c’est l’importance qu’on lui donne qui est différente, c’est la place qu’on lui donne qui va changer du tout au tout. Rien ne nous appartient, ni notre destin, ni notre corps et encore moins ceux qui nous entourent. Nous avons la fâcheuse habitude de nous fixer des objectifs et quand le drame pointe son nez tout s’écroule. Savoir virer de bord est important, les habitudes sont terribles, elles peuvent détruire le château de carte de notre petit confort habituel. Par le biais de l’association je suis très régulièrement en contact avec des gens qui vivent des drames et aucun d’entre eux ne le subissent de la même façon. Je pense qu’au même titre que les tâches quotidiennes, il faut se préparer au pire, percevoir tous les cas de figures possibles et inimaginables pour être prêts quand l’inconnu arrivera. Quand je pars en expédition au bout du monde j’essaie pendant de long mois à l’avance d’entrevoir le pire et de tenter de trouver la parade. L’incroyable est que jamais rien de ce que j’avais prévu n’est arrivé, mais chaque tuile encaissée fut réglée sans panique car d’une certaine manière je m’y étais préparé. Les tabous sont les causes de perte de contrôle quand le drame arrive. Comment ne pas déprimer si vous n’avez jamais imaginé que vous pourriez perdre un proche ou être touché par une maladie incurable. Dans une journée, il doit y avoir une part de réflexion sur les cas douloureux qui vont logiquement arriver dans notre courte vie. Il ne faut pas en faire une obsession mais cette pensée est aussi importante que la planification de notre journée. Anticiper, visualiser et désacraliser est la trinité essentielle pour un mieux vivre. Je le répète sans cesse, mais depuis cette funeste soirée du 9 juin 1983 ma vie a basculé par un drame qui est devenue une force maintenant.
Toujours, quand l’affection commence, le drame commence. Henry de Montherlant
Pour poursuivre cette conversation je vous propose que l’on se retrouve le mardi 17 décembre à 19h50 à la salle Malherbes Paris XVII, en compagnie de Mr Stéphane Allix directeur de l’INRESS. Réservation en ligne ici. Mon cachet sera reversé à l’association Bout de vie.
Se reconstruire nécessite un grand ménage, personne ne peut le faire à notre place. Merci pour vos billets.
Eric
Je serai à Paris le 17 décembre, merci de nous éclairer. Bonne suite.
C’est vrai mais cela reste un travail de ouf, pour l’instant je n’arrive pas à passer le dernier stade… Cdl
Bravo pour votre conférence à l’Inrees.
Je l’ai déjà ecoutee 2 fois. Je suis valide et je trouve formidable votre énergie et votre association.