Depuis une semaine, la cabane est en transformation, en grand nettoyage estival… Il n’y a pas d’histoire sans fin, sans début, sans rire, sans inquiétude. La vie est une croisière où l’on se croise et depuis plus de 2 ans, j’ai croisé la route d’une belle plongeuse professionnelle qui est devenue ma compagne de vie. Elle là-bas, moi ici dans mon rêve polaire. Il est difficile de vivre par intérim une histoire engagée, qu’est une expédition en solitaire. Sur zone, on gère tant bien que mal, mais loin derrière son écran, le quotidien est inquiétude et questions.
Depuis hier, Karin a fait le voyage pour poser son sac, ici à Oqaatsut. Il nous semble que cela fait une éternité que nous ne nous sommes pas vus, mais pourtant, c’était hier que je la voyais partir d’Ata, me laissant face à une immense montagne à gravir. Mes peurs, je les ai contrôlées plus ou moins, mais elle, là-bas dans le brasier Corse, elle a tremblé pour le dingue de liberté, pour le fou de nouvel horizon. Un Freeman ne peut être enfermé par des raisonnements et des principes. Comment expliquer mon choix de vie, comment lui raconter les silences, comment lui offrir la Grande iberté ? Une manière simple pourtant, est à mes yeux la seule solution : partir avec elle pour quelques jours de mer loin du village. Quitter le confort du poêle à
pétrole qui chauffe et assèche la cabane, loin du «facile», pour une prise de contact forte et immédiate avec la nature si immense ici.
Aujourd’hui, l’hiver semble vouloir nous tester, juste derrière les berges du golfe, les premiers flocons saupoudrent les cimes, un petit 2° est à l’affiche de la fenêtre en bois. Une pluie fine, un crachin breton, emmitouflent nos pas dans une toundra qui a souffert de sécheresse. Pour la première fois dans
l’histoire du Groenland, au sud d’ici, un feu de toundra a ravagé plusieurs hectares, chose extrêmement rare à cette latitude boréale. Plutôt que de rester enfermés, nous sommes allés à la cueillette du dîner. Les bolets sont
à portée de main, de grosses myrtilles nous régalent le palais et le thé du Labrador abonde pour un quatre heures aux petits biscuits. Puis, en bordure de mer, grâce au vent du Sud, nous avons récolté assez de morceaux d’iceberg pour l’eau de table…
Le kayak de Karin, Apustiaq est resté en Corse mais gentiment Quentin, le gérant de l’agence de voyage 66° Nord, spécialisée en voyage en région polaire, lui a prêté un de ses kayaks. En retour, nous avons une lourde tâche, il faudra baptiser cette nouvelle embarcation qui va rester ici au Groenland…
La tournée du village est simple. Je sens les habitants ravis de me voir enfin accompagné. Ici l’enthousiasme latin n’est pas de mise mais les poignées de main ont été très cordiales, ce qui démontre une super intégration. Réglage fini sur le kayak, nous retournons au chaud, laissant dehors notre escorte de «motoneiges» sur pattes, qui a profité de notre balade pour se rouler dans toutes les plus belles flaques de boues qui se présentaient à elle !
Jo Zef et Norra ont décidé eux, de rester garder la cabane !!!
Ils vécurent heureux et eurent pleins d enfants
Une belle histoire d’amour dans tous les sens du terme … profitez à fond de vos retrouvailles … mais ça je crois que vous le savez déjà 😉
Bisous aux deux doudous amoureux et vous Frank et Karin je vous embrasse super fort 😉