Le journal de bord reprend du service, les 6 équipiers bout de vie sont biens installés depuis avant-hier dans le petit village d’Oqaatsut situé à plus de 300km au nord du cercle polaire sur la côte nord-ouest du Groenland. Bien qu’en été la température est bien différente d’une saison de canicule dans la lointaine Europe. Ici pas de nuit en ce moment et un silence à couper le souffle. Le village de 23 habitants semble vivre au ralenti, seul les chiens de temps à autre donnent de l’ambiance pour réclamer leur part de morue ou de phoque. Le tipi est installé sur la zone réservée au « camping ». Pas de commodité mais une vie absolument surréaliste pour un habitant des villes. La vie de baroude peut commencer. Les baleines et les phoques sont au rendez-vous, comme cette année je n’en ai jamais vu autant, incroyable. La première journée fut ensoleillée, ce qui leur a permis de prendre pied avec un environnement très différent de leur quotidien. Rando sur les hauteurs du village et récolte de myrtilles pour la première tarte de la petite maison bleue. Les règles sont stricts, personne ne doit partir seul, personne n’a le droit d’improvisé, ici en un claquement de doigt tout peut basculer dans l’extrême. Les repas se font dans la maison mais il est hors de question de la squatter, tous doivent rester dehors à comprendre et humer ce pays fascinant. Mon pote Steen est venu me prêter main forte pour ramener tout le monde d’Ilulissat au village, son sourire nous a beaucoup touchés. Ici la rigueur du pays rend les gens silencieux et avare en sourire, un bon mot, un regard pétillant cela est un cadeau inestimable, il nous a comblés. Aujourd’hui le crachin à rendu la journée comme je les aime, mystérieuse à souhait. Entre deux icebergs nous avons caboté jusqu’à une grande dalle minérale pour attaquer notre exploration du jour. Toundra, myrtilles, camarines à n’en plus finir et des espaces vide de toute âme, de toute connotation humaine nous et le vide. Là-bas au large un souffle, dame baleine nous offre une aubade, serait-elle l’ange gardien du groupe… Ce soir le poêle à pétrole est allumé, les têtes en l’air font sécher leurs chaussettes, mon rôle de grand frère me demande de les rassurés mais aussi de leur exprimer ma manière de voire les choses. Ici, dans le grand nord des affaires mouillées peuvent vite engendrer des situations compliquées. Les jeunes ont compris la première leçon. Devant leur visage rougit par le froid et l’océan arctique je suis ému en douce, de les voir sous mon toit. Et dire que pour un cheveu on aurait pu ne pas être là… Demain le voilier polaire la Louise devrait arriver au mouillage, là commencera encore une autre aventure. Vive la vie…
Takuss.