Nuit blanche

20 juillet 2017 par Frank Laisser une réponse »

 

 

Encore une nuit blanche, sous toutes ses formes ! Le vent fut glacial, la tente m’a paru si fragile mais pourtant elle a tenu le coup. Les rafales, une fois de plus, ont permis au nomade de refaire sa vie, de penser le monde. L’insomnie a la faculté de nous permettre d’entrevoir les rêves et de revisiter le passé. Régulièrement, je vérifiais les ancrages de mon abri, toutes les pierres de la plage ont muré mon refuge de toile. De belles bourrasques de neige rendait la nuit moins sinistre.

Au petit matin, Eole semblait fatigué de secouer le pauvre unijambiste emmitouflé dans son épais sac de couchage. Le côté positif des choses était que le monticule de glace qui pointe dans notre prochaine destination a diminué sans pour autant avoir disparu, et surtout la cambuse n’est plus en mode ration de guerre, la mascotte a repris des couleurs ! Qu’il est difficile de s’extirper d’un bon coin chaud pour enfiler ses habits froids et humides. Vous allez croire que je me plains si ça continue, mais je ne changerai pour rien au monde ma place. Le village semble complètement endormi, seules les explosions de gros icebergs brisent la quiétude de ce village du bout du monde.

Ce matin, je dois trouver un coin pour faire regonfler les deux pneus de mon chariot qui me permet de sortir Immaqa des zones de marnage. La mission s’annonce comique. Ici quasiment personne ne parle anglais et mon niveau de groenlandais est au même niveau qu’est le dialogue entre un chien d’aveugle et un sourd et muet ! A la maison communale, il y a un compresseur, mais voilà, il est là, fait du bruit quand on le branche mais aucun air n’en sort ! Je ne me dégonfle pas pour autant, il doit bien y avoir un coin pour prendre un peu d’air. Là bas au bout de la piste en terre, je vois un engin qui déplace des caisses de flétans, la Royal Greenland qui possède ce comptoir doit bien pouvoir me dépanner. Une porte bien calfeutrée me dit que derrière il doit y avoir du monde. Les mains congelées, je lâche mes deux pneus pour toquer, on me répond ! Devinez en quoi, mais en Groenlandais !!! Pas de souci, mes deux roues à la main avec du « pshittt quajanaq » leur font comprendre mes besoins. Tranquillement, mes deux eskimos, sans blouson s’il vous plait, me mènent jusqu’à un énorme container où finalement nous trouvons la pression juste. Une histoire qui ne manque pas d’air.

Puis c’est le moment de penser aux jours à venir, il me faut certes composer mes repas mais aussi le carburant pour cuisiner tout ça. Au niveau gaz, je pense être bon pour encore 3 semaines, en faisant très attention. Mais par précaution, j’ai aussi au fond du kayak un réchaud à essence, et plutôt que de jouer avec le feu, 4 litres de carburant vont nous alourdir tout en sachant qu’au niveau combustible on est prêt à être bloqué. Sur les rives de la mer de Baffin, il est facile de trouver du bois flotté alors qu’au milieu des fjords, cela reste très aléatoire. Le feu de camp est le summum du bivouac, on y cuisine sans restriction et on peut bruler ses déchets…

Vers midi, le soleil refait une apparition, l’intérieur de la tente se réchauffe, les affaires vont enfin sécher. Demain nous reprenons la route, l’équipe est prête…

PS : La mascotte hésite entre gâteau au chocolat et biscuit au citron, et entre chocolat noir et chocolat aux amandes ! Je me demande de qui elle peut tenir ça, sacré Jo Zef !

21 commentaires

  1. Courage Frank, nous sommes tous avec toi. Dans les moments difficiles, sache qu’il y a beaucoup de personnes qui t’encouragent. Fonce et profite bien de ton périple 🙂

  2. Audrey Piette dit :

    Cette petite pause à Saqqaq t’aura permis de recharger les batteries et de refaire le plein d’une belle énergie. Et le plus important, le plein de douceurs a été fait pour Jo Zef :). Bon pagayage grand frère en espérant que le vent finisse par se calmer un peu.

  3. Cathy de l'Ain dit :

    L’humour sans faille de ton récit fait plaisir à lire malgré les rudes conditions météo que tu endures avec courage.
    A défaut d’une baguette magique pour les adoucir, je te souhaite une bonne navigation.Jour aprés jour tu reviens vers ton port d’attache. Bon courage Frank.

  4. Courage franck , on voyage grâce à Toi Et quel plaisir de te lire Des bises de menton

  5. 2/3 jours que je n’avais pas lu tes nouvelles c’est toujours aussi palpitant, aussi suis-je admiratif de ton parcours qui nous montre que le corps humain est une machine tout terrain magnifique capable de parcourir Death Valley ou Groenland, heureux que l’aventure se passe bien et nous tienne en haleine quotidiennement.
    Salut ami Marin ⚓️

  6. Marie dit :

    De belles pensées pour te réchauffer et te redonner un peu de forces pour arriver à bon port …
    Bisous pleins de réconfort cher Frank et un câlin à Jo Zeff 😉

  7. Tu vois Franck je suis chez de supers amis près de Sete , en vacances, et jai parle de toi, de ton parcours et ils ont trouvé cela formidable !!! Donc on a eu une pensée pour toi et nous t’embrassons tous !!!

  8. Jean-Luc dit :

    Courage.
    Pour le chocolat je peux te livrer quelques tablettes de notre bon chocolat suisse.
    Demande à Jo Zef de me donner les coordonnées GPS et je livre sous 24 heures en vélo.
    TROBOLAVENTURE…..;-)

  9. waoooohhhhhh, exceptionnel, bravo,

  10. Toutes les équipes Lagarrigue suivent de près ton périple Frank! Une belle aventure et des jolis récits… à bientôt!

  11. Nous pensons bcq à toi je te suis très es et resteras une personne bienveillante on t aime depuis de nombreuses années bizzzzzz kathy et Paul bonifacio

  12. Plein de courage ,tu nous fais rêver et pour cela Merci,tu es un homme exceptionnel bisous affectueux de Menton

  13. GAZEAU Francis dit :

    Bravo Frank , je sais que tu peux surmonter toutes les épreuves que tu vas trouver sur ta route , elles font partie de l’aventure ,elles donnent du piment à ton action .De tout cœur avec toi .
    Je te renouvelle mon invitation sur mon motu de Rangi ,ou le soleil est plus chaud .Bien amicalement .Francis .

  14. popeye cursinu des mers dit :

    Ah la barrière de la langue !!! plus facile chez nous de demander une place de port en offrant champagne et langouste !!!
    Catzo de rota cripatta

  15. Courage.. Franck, on est avec TOI.. BASGI

  16. kiki dit :

    bon courage Frank ça doit être dur , on te soutient moralement bisous

  17. ghis dit :

    Bonjour Franck …merci de nous raconter ton périple c’est très agréable à lire …. je t’envoie de la force des montagnes Mauriennaise qui m’entourent ….sur lesquellles je sais que tu as parcouru quelques cols mythiques …. heu pour le chocolat faudra peut-être en garder pour Nora !

  18. Oscar Aloia dit :

    Forza Franc, c’è la farai

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