Je suis incorrigible, impossible de dormir, dès 5h je suis déjà en mode fourmi, Oqaastut dort encore, alors que le « boiteux » lui, s’affaire déjà pour donner un air vivable à la maison bleue, non pas adossée à la colline, mais face aux icebergs qui explosent encore et encore. A ma pause café, un drôle de bruit m’intrigue. Dame baleine passe à deux pas de la côte, on aurait dit qu’elle me chuchotait : on se voit quand alors ? Bientôt, bientôt, Miss ; ma chérie arrive d’ici quelques jours et l’on reprendra la mer pour que tu nous présentes ton rejeton, celui qui aime bien passer juste sous Immaqa !
Mais que c’est beau et bon de vivre là, une baleine, deux glaçons plastiqués, du silence à n’en plus finir et on reprend le grattage… Puis c’est au tour de Steen de passer, c’était mon binôme au mois d’avril avec l’équipe des jeunes de Bout de vie, une belle virée en chiens de traineau… Kaffimik, alors on pose tout et on s’assoit pour un café et deux biscuits. On parle des jeunes bien sûr, mais aussi de la maison, c’était à l’oncle de la dame de la superette, et là il me dit que c’est sa sœur. Ton oncle donc ! Non, on n’a pas le même père… Puis nous en venons à l’essentiel du Groenland, la pêche, la chasse et Nanok (ours polaire). Et là je suis sur les fesses, il y a 15 ans, à Ata que je connais très bien pour y avoir fait relâche un paquet de fois, avec son pote ils ont dessoudé le grand Nanok. C’était fin février et les chiens sont devenus furax, ils n’arrivaient presque plus à les contrôler, jusqu’au moment où ils comprirent qu’un ours polaire se dirigeait vers eux. Quand je lui demande s’il a mangé sa viande, ses yeux se sont écarquillés, en me lançant un grand « mamak » qui veut dire très bon. Il me prête sa brouette pour aller chercher un bidon d’eau, qui me servira au nettoyage mais de l’autre côté, j’ai des morceaux d’icebergs qui fondent dans un bidon bleu, trouvé autour de la cabane, qui sera mon eau de table. La maison n’est pas si grande mais c’était un peu le chaos, doucement on peut y vivre moins en mode survie…
Un peu plus tard, tous les chiens du village, en chœur se mettent à hurler, mais quelle mouche les a piqués ? Un petit bateau accoste sur une dalle de granit et pose un gros colis. Deux hommes quittent leur embarcation et attaquent la besogne, mais c’est bien sûr, ils viennent de ramener un phoque. 45 habitants ce n’est pas grand, tout le monde se connait avec même un lien de parenté. Les rires fusent, les blagues aussi mais je ne les comprends toujours pas. Pour quelques jours, du bouillon de phoque va remplir les panses « Oqaastustaises ». Le chasseur lui, se régale de foie cru, je fais semblant de regarder ailleurs, pourvu qu’il ne m’en offre pas un bout ! Puis, on me tend un beau morceau de bifteck qui sera mon diner.
Entre 11h et 15h, un groupe de chinois est déposé pour la visite du village typique eskimo. L’un d’eux vient vers moi et me demande s’il peut me prendre en photo !!! Mais !!! Vous êtes chasseur ou pêcheur ? c’est dur l’hiver ici !!! Ses copains arrivent et là je suis shooté dans tous les sens… A un moment, je perds patience en leur annonçant que je ne suis ni chasseur, ni pêcheur et encore moins eskimo !!! Jo Zef se tord de rire…
Voilà un petit bout de vie partagé.
A pluche.
Allu, tu vas être dans le « chinois matin » comme chasseur groenlandais ? Je hâte de voir la cabane Bleue. J>6