La nuit fut agitée, mes pensées m’ont quasiment empêché de trouver le sommeil, la peur peut-être, les questions sûrement. Des centaines de canards et d’oies Eider squattent le même îlot que celui qui nous a abrités. Ils ont l’air de se moquer de nous, leur instant présent est de couver leurs œufs. Toute la nuit des bourrasques de neige ont secoué la tente. Vers le sud, toutes les montagnes sont saupoudrées de blanc et dire que nous sommes le 1er juillet ! Je reprends la mer tout en sachant que la journée va être compliquée. Le vent du sud est déjà soutenu. Pour corser la navigation, des courants turbulents et contraires me font des petites peurs, bien sur le tout en slalomant au milieu de glaçons affutés comme jamais. Mon pauvre Immaqa tremble de tous ces dangers, sa peau de néoprène, bien que très résistante, ne supporterait pas de tel rasoirs. Nous doublons deux îlots pour enfin nous mettre à l’abri de la grande île. Les rafales de vent m’arrachent presque les pagaies, je dois travailler comme un gladiateur, l’effort est surhumain. Au bout du dixième kilomètre, une échancrure nous permet la halte qui définira la suite de notre progression.
Bien que la côte soit escarpée, je trouve une toute petite place pour qu’Immaqa soit en sécu totale avec la marée, qui frise les 3,5m. Là aussi le travail est énorme, il me faut monter tout le barda en évitant de glisser sur une dalle, et trouver les 3m² habitables pour y dresser la tente. Les 15 jours au côté de Karin m’ont beaucoup appris. Ses 30 années de chef de centre de plongée sous marine teintées d’une culture allemande lui ont appris la réflexion sans agitation. Donc j’ai parcouru tout le terrain puis me suis assis pour prendre la bonne décision ! Les rafales de vent me demandent d’être très vigilant. Perdre ma tente serait dramatique. Je m’applique pour réaliser enfin le bivouac parfait. Le vent prend de la force, les rafales catabatiques sont impressionnantes, la tente ploie sous la pression puis reprend sa forme initiale. Wilfrid à Bonifacio m’a rajouté 50 cm de toile à pourrir tout autour de la tente, et sur ces morceaux de toile je peux y apposer de gros cailloux pour tout bloquer.
Au fur et à mesure que la marée monte, Immaqa prend de l’altitude, des bourrasques de neige me frigorifient, le nid douillet de la tente me permet de ne pas congeler. Là bas au bout du monde un freeman grelote, vous en bas vous transpirez. La vie est ainsi faite mais ce soir, malgré la crasse, le vent, le manque de ma petite allemande, la peur au ventre, je ne changerai pour rien au monde ma place…
Vivre le danger en le regardant droit dans les yeux, sans trembler tout en ayant peur…
Le vent, la neige… Quelle journée ! Jo Zef doit être gelé, je l’entends râler d’ici :D.
Malgré le danger, le froid, le manque et la fatigue, avoir le sentiment d’être à sa place et vivre ses rêves, ça n’a pas de prix.
Nous sommes tous avec toi grand frère.
…que dire devant un tel exploit , même la peur au ventre, alors qu’il faut si peu , nous, dans notre confort pour nous décourager…il faut être en acier trempé pour affronter ces éléments, cet inconnu, et que de pensées doivent affluer aussi…
J’espère que votre » petite allemande » n’a pas elle aussi la peur au ventre pour son Freeman.
Bravo courage nos pensées vous accompagnent
Coucou aujourd’hui pas de macagna
Vent de fou houle de plus de un mètre dans le port
tenue de quart complet pour aller chercher les plaisanciers qui viennent se JETER dans le port sauf que le golf est long plein de cailloux que le libecciu vient cacher mon maître m as attache je ne fais pas de bateau tu fait ch..r frank soit prudent
ca fait loin de Pianottoli pour venir
Juste respect et prudence !
Bisou … en Franche-Comté, week-end automnal … du coup pas si chaud que ça 😉