C’est bien d’être sur une petite île seul au monde mais encore faut-il la quitter un jour ou l’autre, pourtant un immense «mais» était d’humeur matinale. Un iceberg de chaque côté du caillou et rien d’autre que de l’océan, mais ces deux monstres se sont auto-plastiqués 3 fois, des milliers de m³ de glace qui volent en éclat avec des blocs gigantesques créant une série de vagues à refroidir plus d’un aventurier téméraire. Donc, avec la plus grande des prudences, j’ai posé Immaqa les fesses à l’eau mais encore sur son chariot. Le matos à charger était à portée de prothèse, mais pas trop près non plus en cas de raz de marée. Un vrai exercice de style qui te permet de rentrer dans ta journée avec un bon taux d’adrénaline. Finalement, l’embarquement a pu se faire sans embrouille, direction le golfe de Pakistoq. Bien sûr, vent et courant sont contraires mais je suis resté bloqué sur ma mise à l’eau de ce matin, une vraie roulette russe sans plan B et ça je n’aime pas du tout. Si la vague arrive au moment de charger le kayak, à moins d’un miracle tu te retrouves en slip en perdant tout ton matos, un truc de fou.
J’avance en prenant mon mal en patience. Cette partie m’est complètement inconnue et ma seule question du jour est où vais-je bien pouvoir trouver un abri sûr pour cette nuit.Ce golfe bien plus grand que celui de Porto-Vecchio est hostile, sans la moindre trace de vie. De hautes falaises l’encerclent et à raz des cailloux, un minuscule point rouge. Au bout de 2h30, je trouve le premier coin accostable, en plus il y a de l’eau à proximité, je ne vais pas trop me charger, avec mes 2 litres j’en ai assez pour la journée, ce soir je trouverai ça ! Puis le vent et le courant se renforcent, me donnant une moyenne de 2,5 km/h, à un moment je me suis dit : mais t’as qu’à tourner tes fesses et viser ta petite maison bleue, là bas loin au sud. Mais vous me connaissez, il est têtu le garçon, alors je poursuis dans une impasse, un couloir ventilé à souhait mais à son bout, je devine une cabane. Un vrai calvaire, le vent dans la gueule. A midi pétante, on ne rigole pas avec ça, je peux enfin manger mes nouilles chinoises dans ce pertuis complètement perdu, un vrai coupe-gorge, un coup d’ouest et t’es un rat mort !
Je m’extirpe de ce piège mais je sais qu’à mon tribord si je grimpe la colline, je pourrai voir la mer intérieure de Pakistup Ilordlia. Donc, je trouve une brèche protégée de l’est mais il faut absolument que je sécurise Immaqa, là je n’ai vraiment pas envie de le voir partir au large. Je noue, je frappe, tout ce qui est corde est fixé à terre. Mais cette ascension rapide pour voir de l’autre côté ne me rassure pas du tout. Je n’aime absolument pas savoir mon beau kayak seul, entouré de cailloux acérés. Malgré tout, je vois enfin cette mer émeraude, un écrin encerclé de falaises, là je crois que les carottes sont cuites pour que j’y trouve un abri. Reprenant ma route, je vais devoir couper la passe qui pénètre cette petite mer intérieure, nous sommes à marée descendante ! Oula oula, ce n’est plus du courant, ce sont les rapides du Yukon, à vue de nez il doit y avoir 6 nds de courant sortant. Malgré le vent, je prends large pour éviter les remous mais me voilà de nouveau dans la tourmente, j’ai le sang qui se glace, les remous sont monstrueux, je prie pour qu’il n y ai pas un tourbillon m’entrainant au fond !!! Encore un gros moment d’adrénaline !
Puis le cap est pris vers une minuscule baie qui devrait me faire trouver l’abri juste du soir. En bifurquant, là sous mes yeux, la merveille des merveilles, en plus de deux renardeaux qui m’observent, une baie super protégée avec un déversoir d’un lac juste à 20 m derrière. Les dalles sont pentues à la perfection pour pouvoir hisser mon bon kayak sans problème, et si c’était ça le paradis ? Je sécurise mon embarcation pour aller me rafraichir au torrent. Mais là, je me dis que je dois être sacrément salé, car l’eau que je bois à le goût du sel, je me lave le visage, les mains et regoûte l’eau du torrent, mais non de bleu mais c’est de l’eau de mer !!! Un lac juste plus haut de 2mts avec son déversoir de 20 m cela me semblait extraordinaire, et ben à marée haute ils doivent être au même niveau… Un peu écœuré de ce malentendu, pour ce soir je vais devoir me contenter de mes 2 litres d’eau. Pour le diner spectacle, une jolie cascade se trouve à environ ½ de marche d’ici mais pour ce soir c’est clair, je suis cuit, extra cuit. Pour finir ce billet, la température est en train de chuter, ce matin à l’abri dans la tente, il faisait un petit 4°, vivement l’été…
A pluche
Vivement l été ??????? tu veux des degrés en plus ????
ici 43 ° dis moi combien tu veux que je t en envois
moi aussi, je te donne un peut des degrés, mais avec les moustiques en torse nus, là on ne rigole plus