Ce matin, la fleur au fusil, vers 6h30, nous reprenons la mer. Une petite houle de sud-est donne à ce départ un air de cirque. Il faut que j’arrive à tenir le kayak face aux déferlantes et à le pousser tout en me hissant à bord, bien sur côté droit, la souplesse de ma cheville en lame de carbone rajoute un peu de piquant ! Au large, la navigation est simple. En plus, la brise est d’est donc dans les fesses, mais un « truc » me chagrine, nous n’avançons pas à bonne allure, encore une histoire de courant contraire. En me remémorant la descente du fleuve Yukon que j’avais effectuée été 2010, j’essaie de me souvenir de ces histoires de courant et contre courant, donc je décide de m’éloigner d’au moins 2km des côtes, le vent étant nul et la houle dans le bon sens, le risque est nul. Euréka, ça marche, enfin nous touchons la bonne vitesse de croisière.
A ma grande joie, aujourd’hui beaucoup de phoques nous espionnent de loin. Hélas, ils ne s’approchent jamais. Leur karma n’est pas de finir en blanquette ou goulash, donc par habitude ils fuient les hommes. Encore plus magnifique, à un moment une bande d’une petite dizaine se mettent à imiter les dauphins en sautant hors de l’eau à vive allure. Nous sommes gâtés par ce spectacle. La route est longue mais belle. Sur notre tribord, un mur de basalte dont certains pics culminent à presque 2000 m d’altitude et là en bas un petit point rouge seul au milieu de l’océan arctique…
Au bout de 7h de route et pas moins de 33km, le vent bascule à l’ouest, mais je suis bien, le cap visé n’est plus très loin, mais la petite voix me dit, regarde à ta droite comme la dune parait accueillante ! Regarde tête de mule, si tu t’obstine à continuer tu vas morfler !!! Ok, ok, j’écoute cette satané petite voix et tire au plus vite Immaqa loin de la houle qui a changé de sens, maintenant elle est de sud-ouest. Effectivement, la dune est parfaite pour y monter le bivouac et en moins d’une heure la brise d’ouest se transforme en un gros coup de vent. Les rafales frisent les 30 nds et le sable de lave pénètre l’abside comme si quelqu’un avait saupoudré de farine noire l’entrée de la tente. Je retourne voir Immaqa. Je le remonte encore plus en sécurité, si une vague de quelques ondes arrivait, il serait en totale paix.
Après une micro sieste, je pars marcher vers ma prochaine direction. Le vent est devenu violent, le froid est terrible. Malgré toutes mes couches, le froid est saisissant et dire que là-bas dans le sud c’est la canicule ! Au bout de ce petit promontoire, je peux à peine voir plus loin, une sorte de brume rend le coin désolant. Je m’en retourne au camp en récupérant quelques bois flottés. Si le vent se calme un peu, j’allumerai un feu sinon ce sera réchaud dans l’abside…
Chaque jour depuis mon départ, des leçons de vie me sont offertes, celle-ci est belle encore une fois. Ce soir, je me sens encore plus petit que les jours précédents… Prenez soin de vous, du camp de la désolation, un nomade un peu poète pense à vous.
Toujours écouter la petite voix, peut être celle de la vieille dame d’Ata qui te guide et t’accompagne.
Une belle rencontre avec ces phoques qui jouent au dauphin… Cela devait être magique.
Prends soin de toi grand frère
Un nomade poète comme c’est bien dit !!! Il faudrait que l’on t’envoie cette chaleur caniculaire et toi envoyés nous un peu de froid !!! Je me régale à te lire Franck tu me fais voyager, je t’imagines et je t’envoie de bonnes ondes moisi tu es !!! Bonne continuation et à très bientôt déjà t’ecouter sur radio très sympa Basgi
« Celui qui passe à côté de l’histoire de sa vie, n’aura que l’âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme »
(Yasmina Kadhra)
Toi Frank tu as su et tu sauras toujours raconter ton histoire de vie à travers tes aventures et en plus tu nous fais tout partager … quel beau cadeau ! merci et gros bisous pleins de réconfort 😉
Frank amoureux et rêveur t aurais pas un parent du nom de Fred Aba….? allez prend soin de toi on te soutient