Le croissant du Dimanche…

27 août 2012 par Frank Laisser une réponse »
Les gouttes de pluie tapotent au carreau, elles n’ont pas l’habitude de me voir en « vitrine ». Au fond le fleuve Elbe.

Les gouttes de pluie tapotent au carreau, elles n’ont pas l’habitude de me voir en « vitrine ». Au fond le fleuve Elbe.

La roue arrière réparée je peux enfin reprendre mon chemin mais ce brave mécano a dû bricoler mon dérailleur qui « déraille » plein pot ! Les molettes de guidon règlent les problèmes en partie mais je vais devoir passer chez un technicien pour qu’il fasse un  sérieux contrôle. Je ne vous parlerai pas de la nuit cauchemar que le camping a vécu. Des
voyous en devenir sont venus en bande y mettre la zizanie, décidément j’attire les rigolos. Des piles de bières entassées, ils décident que le terrain est en leur possession, nous sommes 4 tentes pas plus et je sens la moutarde me monter au nez. 22h je leur rends visite avec ma frontale, je me jure, me promets que je ne m’emporterai pas. Pas mal imbibés de bière, ils tentent la provocation, l’un d’eux essaie de me jeter une canette au visage, j’esquive. Désolé c’est de l’autodéfense, il s’en prend une ! Le calme revient, je me sens merdeux, sale, je ne dois pas agir comme ça, mais je l’ai fait quand même. Je leur ai promis une raclée s’ils osaient continuer. 23h cela devient insupportable, ils deviennent dingues, jettent tout par terre et font un raffut intolérable. J’interviens, ils me reçoivent en me jetant chaises et table. Un détail qui a son importance, quand je suis dans ce contexte, je deviens un bout de caoutchouc difficile à attraper. Un quart d’heure qu’ils n’oublieront jamais. Mais quelle désolation ! J’ai du mal à me rendormir, les questions affluent, aurai-je du laisser faire ? Est-ce que plus de dialogue de ma part aurait fait changer les choses ? Je ne sais pas, je ne suis pas un saint non plus, mais je refuse de plus en plus de perdre contrôle et mon énergie pour des gens en pleine déchéance. Mea culpa, j’ai encore donné des « gnons » ! 6h30 j’en croise sur la route, ils titubent. La ville de Travemunde et Lubeck se touchent et les quais de commerces brouillent ma carte. Je me retrouve dans une voie d’autoroute. Ca y est, ça commence. Je tourne en rond comme une mouche. Un bus comprend, le chauffeur me demande si je veux de l’aide ! Oh oui mon bon monsieur. Ici les transports en commun ont une remorque pour embarquer vélos et mobylettes, je charge mon barda et il m’amènera hors de Travemunde. Pour prendre la route sud, son explication est trop compliquée pour ma pauvre compréhension basique d’allemand et je me repaume une deuxième fois. Un homme en vélo est à ma portée, il comprend et sent mon désarroi, il me demande de le suivre. Nous empruntons un chemin de forêt pour retrouver la bonne direction. Au moment de partir je lui serre chaleureusement la main, il me demande d’attendre. Il sort d’un sac en papier un croissant et me le donne. Das ist ein franzüzich (à voir sa vraie écriture) « croissant ». Il s’éloigne, la grosse brute que je me sens ce matin a les yeux qui s’embuent. Je me remets en question, suis-je un mec bien ? Hier soir j’ai mis une correction à des merdeux en manque d’adrénaline, ce matin coup sur coup, sans jeux mots ringards, on m’aide spontanément. Mon périple ne me laisse pas trop le temps de réfléchir. Ca y est je roule plein sud, on m’avait promis de belles routes avec plein de voies cyclables et bien c’est vrai. Mais voilà, devant moi sans aucune indication au préalable, une déviation, la départementale n’existe plus ! Je suis méthodiquement le panneau qui m’amène doucement mais surement sur l’autoroute, encore !!! Mais je le réalise que quand je suis dessus, je n’ai plus le choix, la carte m’indique que j’ai 5km pour reprendre une sortie et contourner les travaux. Je me fais klaxonner comme jamais je ne l’ai été, je pédale sur la voie d’urgence comme un dératé pour sortir de ce cauchemar. Finalement je suis sain et sauf, je peux reprendre ma « pédalerie » en toute tranquillité sur de belles pistes cyclables. Je suis secoué par ces dernières heures, cela en est de trop pour le pauvre nomade errant. La route est plate, j’arrive à tenir une super moyenne de 19km/h avec mon « semi-remorque à deux roues ». Le vent devient violent de Sud-ouest, mais les pistes cyclables sont bordées de haies qui m’abritent et me permettent d’avancer sans trop en pâtir. Le ciel se charge de plus en plus, la pluie nous rejoint mais elle est encore timide. Sa sœur suédoise lui avait parlé de cet équipage atypique et elle voulait nous effleurer de ses propres gouttes ! Là-bas c’est un déluge, pour nous ça va. Au 93éme kilomètres une auberge « vélo » nous fait un petit clin d’oeil. J’en avais entendu parler et cela me tente. Juste à temps pour mettre mon deux roues au garage que l’orage se déchaine. D’une chambrette qui domine le fleuve Elbe, je peux enfin cogiter aux derniers événements que j’ai vécus. La pluie tape au carreau, ok on se verra une prochaine fois, laisse moi en paix, j’essaie de comprendre des trucs tordus d’humains. La violence et les mauvais gestes ne font pas grandir ; je vais devoir m’appliquer encore plus pour choisir mes arrêts et éviter ces situations intolérables de ma part. Puisque devant moi coule l’Elbe, je ne peux m’empêcher de saluer Thierry Corbalan et son équipe qui va tenter le 1 sept la traversée entre l’île d’Elbe et la Corse en mono palme. Technique de nage où l’utilisation des mains est interdite. Ouais Jo Zef on surveillera s’il ne s’en sert pas !!! Allez à son arrivée, vous n’aurez plus envie de prendre la voiture pour faire 500mts ou de vous plaindre pour un p’tit bobo. Allez Thierry, tu ne le fais pas pour une cause, nous sommes la cause !!!
A pluche !

8 commentaires

  1. Genay Bruno dit :

    Salut « l’éducateur ».
    Tu sais Franck, il y a des moments ou parler ne sert plus à rien. Nous ne sommes que des hommes …. imparfaits. En plus ce n’est pas toi qui a jeté la première …canette. Imagines un seuls instant que tu l’ai prises dans l’oeil !!!! Tous ce que tu aurais fait depuis des semaines serait tombé à l’eau (sans jeu de mots !!!). Et en plus, je ne crois pas que tentre l’autre joue soit une bonne chose dans cette situation. Parler a un temps, … agir un autre! On m’a toujours dit que l’on récolté ce que l’on semait. Les 2 personnes qui t’ont aidées …. cela a été ta récolte … dûe au côté avenant et sympathique que tu as « semé ».
    Ne penses plus à cela. Fait réparé ton dérailleur pour ne plus … » dérailler » …LOOOOOOL.
    Courage, tu prends le bon chemin … j’en suis sûr, … même si ce n’est peut-être pas le plus court!
    Bises aux gosses.
    A pluche
    Bruce

  2. Cathy dit :

    En ce moment, en France, aux infos, on parle de la traversée des océans que viennent d’accomplir Philippe CROIZON et Arnaud CHASSERY.

    J’espère qu’on parlera bientôt aussi de vous ; le parcours en kayak sur l’eau avait l’air plus sympa que les rencontres en vélo sur la terre ferme ; les deux me donnent des leçons de vie, à moi, qui ne fais que vous lire devant mon écran.
    Bonne journée

  3. Colibri dit :

    Bruno a tout dit tu as fait de ton mieux…. de toute façon face à ce type d’individus l dialogue ne sert malheureusement plus à rien…. mais bon ne nous étalons pas la dessus tu es dejà passer à autre chose ! prend bien soin de toi Cabochard
    PS. merci à toi pour Dolfinu, tu m’as fait monter les larmes aux yeux, sacré freeman…… <3

  4. Inès dit :

    Merci de nous faire partager ces lecons de vie, ces rencontres, ces espoirs et déceptions…
    Comme vous dites, on se remet en question et on arrête de se plaindre pour un petit bobo!
    toute mon énergie et mes pensées positives pour la suite de votre parcours et pour le prochain défi de http://www.facebook.com/corbalan.thierry

    Inès, Bonifacio

  5. MARCOZZI dit :

    Tu as eu raison, lorsque le dialogue est devenu impossible… mais comme tu dis choisis mieux tes points d’arrêt. L’homme a le don d’être merveilleux comme d’être un démon. Si j’étais là !!! tu te souviens au club 06 lorsqu’on était tout jeune. La tante défendant son neveu sur la piste de danse. Souvenir, souvenir…
    Gros bisous et à + de te lire.
    A bientôt.
    Zia

  6. marg dit :

    Pas trop de risques quand même hein ?

  7. festor dit Totor dit :

    Apparemment tu es chez les boulons (casque à pointe). Actung byciclette… Ne t’arrête pas à Hamburg. Les filles de joies sont frivoles et volages et ton ami à Poile risque de vouloir découvrir la tarte aux poiles… Ahhhhhhhhhhhhh! Souvenir quand tu me tiens… Mais où sont donc passé mais jeune année de débauche? Bon, je plaisante, je sais que toi tu es de la pédale et que tu continus ton ptit boue de vie… Go safe, Go safe. See you later my Friend.

  8. Dolfinu dit :

    Tu avais ramené quelques marrons Corses pour le samedi soir, ils les ont bien mérités comme tu as mérité le croissant du dimanche. Ne te remet pas en question et surtout ne change pas on t’aime comme ça. Merci pour la pensée, bonne route jusqu’à Piombino.

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