Quelle belle soirée, Ana et Christoffer m’ont invité pour un diner que je ne pourrai oublier mais ce matin je reprends ma route. Un dernier coup d’oeil à leur maison et je file plein Sud. Arriver sans savoir si l’on reste, partir en sachant que l’on reviendra, la devise du nomade… Le vent est faible et je file sur une eau à peine ridée, je vais tenter de rejoindre le « grand » Stockholm. Je suis bien surpris du côté sauvage à quelques milles de la capitale. Je n’arrive pas à m’imaginer que derrière ces forêts se cache une mégapole. Je ne sais pas ou je planterai ma tente ce soir mais hier Christoffer m’a rassuré, ce n’est pas Paris et il me sera facile pour trouver un coin tranquille. Je dois traverser l’immense chenal où, ferry, porte container et taxi boat se croisent. Je me mets en poste d’étanchéité maximum. Le vent est toujours faible, heureusement d’ailleurs, le passage deviendrait vite dangereux avec de la brise. Javance sans penser à tout à l’heure, j’essaie de me
remplir de toutes ces images qui défilent devant moi, je ne veux rien louper. Le passage du Saxar Fjärden est franchi, je dois trouver un petit chenal. Le vent se lève, le ciel s’obscurcit, ça sent l’orage. Je fais une halte déjeuné, déjà 7h de je pagaie : C’est que ça creuse l’exercice ! Un homme m’interpelle, vu mon accoutrement et comment est équipé Immaqa cela l’intrigue. Il me félicite et avec un charmant accent suédois me dit en français : bonne chance. Je reprends ma route, devant moi lîle de Vaxholm qui était l’un des premiers remparts de Stockholm, je crois que c’est là où je vais me poser. On m’a parlé d’un camping, mais entre vous et moi je ne vois pas monter ma tente au milieu d’aoutiens. Je passe par le port charmant de l’île, quelques touristes me prennent en photo, des dames parlent entre-elles, des françaises. On discute un moment et je poursuis, le coin dégage une bonne onde, je m’y sens bien. Je me fais doubler par un couple d’allemand en kayak, on partage un bout de nos vies, ils filent vers leur destin moi vers le mien. Je trouve le camping, je tente une approche. En plein mois d’aout je m’attends au pire, rien de tout cela, du calme, de la paix. Je me renseigne sur les commodités, je dois impérativement laver mon duvet, deux mois que j’y dors, il commence à sentir le renard mort. Jo Zef et Norra confirment. Je fais un tour du site, je ne suis pas encore prêt à ce cantonnement. Depuis Lulea, je bivouac dans des endroits sauvages, l’équipe logistique arrivera sur zone mardi matin au plus tard, j’ai encore le temps avant de me faire numéroter, parquer, enregistrer. Je reprends la mer, là-bas à un kilomètre je perçois comme une immense prairie sans maison au alentour, des chevaux, des champs et personne à l’horizon. Je mapproche en espérant y trouver mon refuge, je me faufile au milieu des joncs et découvre une pelouse naturelle qui donne envie de s’y rouler. Je me dis que ce nest pas possible, il doit y avoir une maison de luxe dans les parages. Je pars en repérage. En haut d’une colline je vois au loin une ferme, je suis sur des terres agricoles, je suis sauvé, personne ne viendra membêter. Je cherche le bon coin pour monter ma tente, en bordure d’arbre ce serait idéal pour rajouter ma bâche qui en plus de la tente me protégerait de la pluie qui dans un moment va mettre la douche en marche. Un bateau ce dirige sur moi ! Aie, je suis cuit !!! Non, c’est un pécheur, je lui demande si c’est possible
de bivouaquer. Il me répond que oui, je suis l’homme le plus heureux. Nous discutons pêche, c’est son métier et avec beaucoup de gentillesse il me donne quelques astuces pour essayer enfin de prendre un poisson. Sous un noisetier la tente est montée, juste derrière un chêne, qui doit au moins avoir trois cent ans, semble me sourire. Je m’approche doucement et me plaque à lui les bras écartés, il commence à pleuvoir, je capte son énergie. Je viens de parcourir 1100km en kayak dans des conditions des fois difficiles et aujourd’hui comme cadeau de la vie je suis dans un Eden de paix et de verdure. Sous mon abri de toile je vais enfin me reposer, j’ai du sommeil à rattraper, j’ai des peurs à digérer, j’ai des larmes à essuyer, j’ai des rires à partager. I’m a free man.
A pluche !
A toi.. l homme libre qui enlace les arbres.. Respect 😉 Belle route! a pluche et bises a Vero JoZef et Norra.. y en a un qui se rejouit de revoir ses potes..
Bravo Franck et surtout merci pour tout ce que tu nous « livres » tout au long de ton périple … doutes, tendresse, peurs, douceur, nature, humanité … toutes ces petites choses de la vie que certains oublient paisiblement installés devant leurs écrans … toute cette technologie qui a dépassé les vraies valeurs de la vie 🙁 … Bonne route et à pluche
Il était temps que tu enlèves les pagaies avant que tu deviennes un sportif de l’olympe… Et oui les athlètes Kayak viennent de rentrer en liste pour les JO. Mais toi tu n’es pas un athlète, tu n’es pas un aventurier, tu n’es pas un foufou de la pédale mais juste Frank Bruno… L’homme qui va toujours au plus profond des choses. Maintenant il est grand temps de reprendre des forces car la route sera encore longue. Je vais chouffer avec beaucoup d’intérêt pour venir te rejoindre. Soit je roulerai à tes côtés, soit je te rejoindrai sur ton camp de base quand tu seras en Germanie. Faudra que je vois car pour l’heure, je me bats contre moi même. J’apprends à devoir me ralentir pour me soigner le Moignon. Je revois mes objectifs futurs mais je continu de m’entrainer… Cet aprem, je vais à l’eau pour nager… Plus de course à pied et béquilles pour soulager ma bobologie. Mais malgré tout, j’avance… Demain et encore demain sera encore un autre jour mais je garde la tête froide et l’envie de me battre. Pourquoi??? Juste parce que je suis moi même et que je n’abdique pas devant la douleur… A bientôt Franki Boy