Le festival est bel et bien parti et nous membres du jury visionnons les films aussi le matin car jeudi les résultats devront être votés, nous voyageons aux quatre coins du monde et les notes sont très difficiles à donner, de la montagne aux airs, des peuples Mongols aux Quechuas de Bolivie, de l’expé médiatique à l’aventure entre pôtes toutes ces images nous ont charmés.
Mais voilà ce matin j’ai, nous avons pris un impact droit au coeur: « Jusqu’au bout du possible » réalisé par Christian Berrut.
L’histoire d’un gamin, David Max qui attrape le virus de l’escalade et qui à 17 ans dèvisse de plus de 25 mètres, 3 mois de coma profond et une reconstruction au ralenti, retrouver ses sens, entendre, voir, parler, lever la tête puis le corps, réapprendre à tenir debout et le premier défi : réussir à faire 3 pas de suite sans assistance…
22 mois consécutifs d’hôpital et 5 années entre maison et centre de rééducation.
30 ans se passent, il est marié avec un enfant et il est debout, certes ce n’est pas la reconquête de son corps mais malgré tout il vibre.
Comme un clin d’oeil au démon du mal il décide de regrimper la voie Vaucher qui lui a coûté tellement de liberté, un guide d’escalade le réinitie à la grimpe mais la route est longue, le tremblement continuel de ses membres lui complique l’accès aux prises et le premier jour il parait utopique de vouloir regrimper cette voie.
Patience, obstination, discipline de fer et amour de ses proches vont le mener au pied de la falaise.
30 ans après il regrimpe à son rythme le mur qui lui fut fatal, ce n’est pas une voie qu’il chemine mais sa vie.
Le présent est bousculé par le passé, la lumière du soleil est voilée par des trous noirs, ce n’est pas son corps qui grimpe mais sa tête. Ce n’est pas du 5 B ou du 6A mais une paroi de l’impossible, la reconquête de lui-même.
Si par moment le film fut flou ce ne sont pas les images mais bel et bien mes yeux qui laissent échapper des larmes, de bonheur de rage de défaite ou de victoire. Tout au long de ses 72′ j’ai griffonné des notes des mots de maux que j’ai entendus :
Tu as le droit de te décourager mais jamais d’abandonner…
J’ai perdu trop de temps et me sens obligé de le rattraper…
La recherche de l’absolu…
J’ai gagné une bataille face à moi même mais surtout face au handicap…
Encore une fois je suis rassuré en rencontrant des gars comme ça, fini les ghettos des mafias du handicap et dérivés.
Un jour l’homme « différent » sera l’égal des autres mais il faut que tous les handis le désirent et transforment leur rêves en réalités.
Promis si un jour la télé passe ce style de reportage je commencerai à la regarder.