Et d’aventures en aventures…

13 août 2018 par Frank Laisser une réponse »
Ce matin est un matin comme un autre ici, calme, froid et silencieux.
Pourtant à la cabane bleue, deux potes se préparent à « l’aventure » ! Je
briefe mon binôme sur la journée à venir qui sera engagée et très certainement remplie de surprises. Le refrain habituel doit être entonné avant le départ ; explication du GPS, du téléphone sat, de la balise spot au cas où je serai en difficulté, ça n’arrive pas qu’aux autres !
Nous enfilons nos combinaisons de mer et nous partons vers le nord,
pour où ? Je n’en sais strictement rien ! Ifaraq file sur une mer ultra
plate, l’océan est très peu encombré de glace, le froid est saisissant mais
nous n’avons pas le droit de nous plaindre. Des gros icebergs sont encore
là, ils nous font de la peine : tous leurs copains ont déjà pris la route pour un long voyage. Nous pénétrons le grand golfe de Pakitsoq vers ces mers
intérieures mystérieuses qui m’attirent de plus en plus, il faudra voir avec le niveau de la marée qui est en face ascendante… Une baleine nous salue mais pas le temps de flâner, le « mystère » nous attend! Nous voilà devant le goulet de la grande mer fermée, le courant est jouable mais entre vous et moi j’ai les mains moites. La carte ne me donne pas les sondes, l’eau est blanchâtre il m’est donc impossible d’estimer la profondeur. Je m’engage, le courant secoue Ifaraq de toute sa quille, je donne de la puissance, nous rentrons en force. Nous y sommes! Déjà la dernière fois avec les jeunes, nous avions eu la chance d’y pénétrer mais c’était pile poil à l’étale, cette fois ci c’était plus « rock n’ roll » ! Nous filons plein pot, l’endroit est indescriptible, magique. Nous doublons l’île, celle devant laquelle les jeunes et moi avions fait demi-tour par prudence. Il nous reste 15 kms pour atteindre une autre gorge… Mais vers le nord, là où l’on devine la calotte glacière, un son, un bruit, un souffle nous surprend. Impossible, absolument impossible,
il ne peut y avoir de baleines ici ; le goulet est trop petit, pas assez profond! Aurions nous nos premières hallucinations ? Je change de cap et fonce dans une eau entre la couleur lait et turquoise. Nous essayons de comprendre, de deviner d’ou provient ce bruit. Un orque, un immense dauphin, pas un simple globicéphale polaire. Nous reprenons la route, je surveille la hauteur d’eau sur les berges, il ne faudra pas louper la sortie ce serait fatal, on m’a prévenu de multiples fois, mais ma curiosité est trop forte. Au bout d’une heure, il est temps de faire demi-tour, la sagesse prend le dessus. Dans le goulet le courant est rentrant, à 2000 tours minutes mon 75cv, est en pointe fixe, il lui faudra toute sa puissance pour passer ! Ouf on respire ! Nous reprenons nos esprits et la route vers la petite mer fermée pour y faire escale. Mon binôme est congelé, l’arrêt nouilles chinoises va nous réchauffer. Mais cette journée est un sacré cadeau. Une autre baleine nous salue ainsi qu’une bande de 30 phoques qui nous offre un sacré spectacle! Moteur coupé nous regardons faire ses pitres qui nous tiennent à distance. Le bateau bien amarré, une ancre derrière et deux amarres à terre, des milliers de petites mouches bouffeuses d’aventuriers du dimanche nous mettent à leur menu. Sac à dos cappelé nous cherchons rapidement un belvédère, vue à 360°, et suffisamment ventilé pour déjeuner sans nos moustiquaire de tête. Ces 4 semaines à jouer le restaurateur de maison bleue m’ont donné envie de baroude;  de l’autre côté du Belvédère, on aperçoit une cascade qui doit provenir d’un lac suspendu, nous tentons l’approche. La toundra est spongieuse, mais le pas est ferme.Au pied de la falaise une faille herbeuse pourrait être la clé de l’ascension. Je demande à mon pote s’il se sent de passer sans corde. Il est suisse valaisan et habitué des montagnes, il sera enchanté! Nous voilà engagés au milieu de nulle part, quelle sensation incroyable, à perte de vue pas âmes qui vivent, seulement nous et nos désirs de découvertes! Avec ma patte folle je suis extrêmement concentré, un loupé et adieu phoques, baleines et morues ! Sur un replat je joue de prudence, ici tout se ressemble, il nous faut cairner l’entrée de la vire, ce serait ballot de se perdre…
Au bout de 2h nous arrivons en place, le lac est là, notre mission est réussie. Je suggère au « capitaine du drakkar noir » d’ériger son propre cairn;  qui sait si un jour quelqu’un passe par là ! J’ai des doutes, lol !
Au retour, les phoques nous saluent dont un d’un peu trop près : il évite de justesse mon hélice et de finir par la même occasion dans mon assiette! La journée a été riche et  incroyablement fluide, avec un bel échange. J’en retiendrai un particulièrement lorsque mon binôme au cours d’une pause me pose « la » question : « Pour toi, c’est quoi l’Amour ? »
Whouaaaa….! J’aurais pu lui dire qu’aimer c’est la passion, c’est la fusion de deux êtres, c’est trembler de l’absence, c’est….  mais non.
Je lui ai dit simplement : « Aimer c’est offrir la liberté à l’autre, aimer c’est donner sans attendre rien en retour, aimer c’est devenir encore plus Homme, plus Femme…
 

A pluche

 
 
 
 
 

2 commentaires

  1. Marie-Christine dit :

    Magnifique toujours!

  2. Marie dit :

    Merci Frank pour ton superbe billet … que de partage ..
    Et tes dernières phrases … magnifiques 😉
    L’amour … il n’y a que ça de vrai dans la vie …
    Bisous et bonne continuation à vous deux <3

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