Finalement le vent est tombé, finalement le calme prend place, il nous amène un beau crachin avec un brouillard londonien et 6 petits degrés. Le village est redevenu silencieux, les icebergs ont pratiquement disparu, seul le « smiley » surnommé ainsi par les jeunes, est encore ancré sur un haut fond. Par contre son arc de triomphe a volé en éclat, l’explosion fût si forte que même la cabane a tremblé.
Depuis hier à deux pas de la porte, une chienne vient de mettre au monde 6 chiots. Un acte de survie terrible, la mère offre toute son attention à ses boules de poils, je me demande combien survivront…
Le capitaine du drakkar noir, mon invité, c’est le surnom qu’il aura pour son séjour ici, commence à prendre ses marques. Il a croisé en coup de vent mes stagiaires qui ont compris que mon hôte était un grand personnage, son groupe financier est depuis un an le mécène de mon association. Cet homme de la finance suisse n’est pas venu en touriste mais pour m’épauler dans ma tâche de restauration de la maison perdue. Muni d’une classique salopette bleue, depuis 2 jours, il décape toute les huisseries de la maison, un travail de fourmi nécessaire pour repeindre les fenêtres qui depuis quelques décennies souffrent des bises polaires. Chacun de notre côté nous travaillons, de temps à autres nous échangeons, mais l’endroit ne laisse pas place au discours inutile, n’oubliez pas que nous sommes au pays du silence.
En fin de matinée, un homme franchi le pas de la porte ; mon pôte Brieuc, vient me dire au revoir. Je le sens moins « déconneur » que d’habitude, il vient juste me prendre dans ses bras, dans quelques minutes il part avec son équipage du voilier Akta vers la grande route du passage du Nord-ouest. Dans son accolade je sens une immense émotion, un immense soupir. Je lui souhaite bon vent, la route ne va pas être facile mais une bougie brûlera, pour lui, pour ses coéquipiers, pour son rêve. Ils devraient rejoindre l’Alaska courant octobre…
En fin d’après midi « mon » capitaine me fait une petite frayeur, il demande à s’allonger rapidement, la vie est austère ici. On dort à même le sol dans une maison poussiéreuse en chantier. Ce petit coup de moins bien m’inquiète un peu, après coup il revient à lui, je vais lui faire prendre l’air, une excuse pour aller chercher le diner. Nos grosses combinaisons de mer enfilées, nous prenons le large pour une partie de pêche. Le moteur coupé nous sommes dans un silence indescriptible. Pas la moindre ride, la mer est lisse. Des icebergs entonnent leur explosion, nous guettons aussi les baleines, avant-hier au même endroit une est venue à 5 mètres à la proue d’Ifaraq. Une grosse étoile de mer se fait piéger, puis ce sera au tour de quelques scorpions de mer que je relâche aussitôt, et enfin deux grosses et grasses limandes vont venir diner avec nous.
Nous prenons le chemin du retour par le chemin des écoliers, la vie est simple ici, très simple. Bien sûr le confort manque, bien sur que les facilités du sud nous sembleraient divines mais on ne peut pas tout avoir dans la vie, alors nous prenons en pleine face cet air de liberté.
Dans nos assiettes le poisson nous rassasie, le dialogue commence, nous savons que nous sommes chanceux d’être où nous sommes. La rusticité du lieu a fait fondre le superficiel, et l’homme de la haute finance se confie au nomade du grand Nord. Les courbes du CAC 40 n’ont plus trop leur place ici, nous causons de la vie, la vraie celle qui fait vibrer, celle qui te rend Homme, qui te rempli de doute sur son devenir futile et superficiel. L’argent, la différence sociale volent en éclat, c’est ça la magie du Grand Nord. Nous échangeons nos rêves, il me souffle les siens, je lui cause du petit papillon qui remplit mon cœur, mon âme.
Ce soir là haut au pays de nanoq deux hommes ont oublié pour un instant qu’ils n’étaient que des mortels, parole, à un moment on s’est crus immortels…
Lundi « mon » Dume arrive, là ca va être encore un grand moment …
Ps :BTAPP
Super t es pas tt seul tant mieux car après deux semaines avec ta super pte équipe ça aurait été dur, bonne continuation Frank gros bisous
Super t es pas tt seul tant mieux car après deux semaines avec ta super pte équipe ça aurait été dur, bonne continuation Frank gros bisous
Oqaasut est vraiment l’endroit idéal pour faire le point sur sa vie. Isolé, coupé du monde c’est un havre de paix. Mais, il se mérite, il appartient aux personnes qui sauront sortir du confort quotidien, du formatage et du conditionnement de nos vies guidées et dirigées par la technologie moderne. Ici c’est encore la simplicité même si il est évident que le modernisme montre le bout de son nez toujours un peu plus chaque jour. L’Homme retrouve des valeurs essentielles comme le respect de la valeur des choses. Ici on ne gaspille pas, on ne jette pas ce qui pourraient encore être utiles. On apprend à gérer en évitant de s’encombrer de choses inutiles et/ou superficielles. On apprend aussi à s’organiser, chaque chose à sa place, chaque place à sa chose. Et oui, ici pas de maison grand luxe de plusieurs dizaines de M². Les habitations sont de simples cabanes de bois, petites et souvent exiguës. Il faut donc savoir reconnaitre l’essentiel et ne pas s’encombrer du superflus. En résumé, Oqaasut est l’endroit idéal pour réapprendre ce qu’est la vie, ce qu’est l’essentiel. Tout ceci est dirigé par un maitre mot, le mot de cette région qui sait être accueillante mais qui sait aussi être très hostile. Ce mot est : s’adapter.
Je ne trouve pas de mots assez fort pour remercier Frank qui nous a permis de vivre cette aventure. Bien sûr ce n’était pas une expédition dans le grand Nord, mais quand même cela nous à permis de voir ce qu’est la vie, de nous montrer que rien n’est facile et tout ce mérite. Une vraie leçon de vie, d’humilité, de simplicité et de respect. Handicapée, valide, la vie s’en fout et ne juge pas. Elle offre à chacun le choix de vivre comme il l’entend. Soit tu profites de l’instant présent, soit tu te morfond et te plaints. C’est à toi et à personne d’autre à savoir profiter et surtout vivre.
Frank, je te dis tout simplement merci du fond du coeur de m’avoir permis de vivre cela.
Bon courage au « capitaine » et merci à lui de son soutien à Bout de Vie.
Les icebergs,les baleines, les chiots, le silence tout cela me manque beaucoup …
Bon vent à Brieuc.
Profitez bien tous les 2 du silence et de cette énergie si particulière.
Bisous
Salut Frank je lis avec attention ton blog.
Je pense bcp à toi.
Je t embrasse
Éric
Nous rêvons avec vous… Merci au capitaine de don soutien à Boutdevie :-))