Julien ce matin m’a amené rapidement en ville, à Ilulissat. Depuis deux mois, j’étais dans la paix et le silence, là j’ai cru repartir à la nage ! Bien que minuscule, ce bourg compte 4500 habitants et fait office de capitale de la côte nord-ouest. Des voitures, des gens partout et un aventurier un peu perdu. Je ne suis pas venu pour le plaisir mais pour officialiser l’achat de la maison. Charlotte, l’épouse de Julien travaille au département, au bureau des ventes de maison, une aubaine pour moi. Tous les papiers sont en Groenlandais et sans elle, il m’aurait été impossible de les remplir. Après avoir complété les infos requises, il faut que deux témoins officialisent l’acte, un pour le vendeur et un pour l’acheteur. De bureau en bureau, Charlotte recrute pour trouver un jeune homme sympa qui voudrait bien endosser le rôle. En un claquement de doigt, les papiers sont postés pour Nuuk la capitale, qui d’ici 3 mois me renverra mon acte. Ici, le terrain ne peut vous appartenir, il est mis à votre disposition pour votre maison. Le proverbe amérindien me revient : La terre ne nous appartient pas, elle nous a été prêtée par nos enfants…
Avant de repartir loin de ce brouhaha qui est loin de ce que peut être le Groenland, je fais la tournée des magasins pour me fixer un peu sur le coût des futurs travaux à venir. Eté 2018, des bénévoles seront les bienvenus pour me donner un coup de main pour rendre la maison habitable sans être en mode bivouac. Vous prenez en charge votre billet d’avion et à Ilulissat je vous récupère pour vous mener à pied d’œuvre en pension complète. Ensuite, après ce premier jet, des personnes amputées adhérentes de l’asso, viendront invitées par groupe de 4, pour fignoler les travaux… Mais tout ça c’est pour dans longtemps !
Saoulé par ce parc d’attraction qu’est Ilulissat, il est temps de rentrer à la maison. Steen est venu récupérer une pièce de moteur de son gros Yamaha, c’est lui qui fera mon taxi. Sa belle fille et une dame du village embarquent aussi et sur une mer d’huile, mais avec un froid polaire, nous voguons vers le nord. Deux vieux fusils sont prêts au cas où un puisi (phoque) voudrait nous faire voir ses moustaches. Mais la mécanique est une science bien difficile à comprendre, le moteur perd des tours pour finalement stopper net. Pas un mot, pas un rictus de contrariété. Steen ouvre le capot pour comprendre d’où vient ce problème. Sans être un grand spécialiste, du bidon d’essence au hors-bord il n’y a aucun filtre, et puis le réservoir est un fut en plastique blanc dans lequel une durite est enfoncée au petit bonheur la chance, je trouve le système un peu léger quand même, Steen me sourit… Un, puis deux bateaux, sans qu’on demande quoi que ce soit, stoppent leur route. Là encore sans un mot, les deux femmes changent de bord pour nous laisser seul face à un moteur récalcitrant. Nous dérivons vers un bel iceberg, mais cela ne nous perturbe pas, il faut comprendre les ratés de la machine. Miracle, chance, un peu d’expérience, je mets les mains dans le cambouis pour qu’enfin nous puissions rejoindre Oqaatsut. 18h, me voilà dans un silence si bon, si apaisant. Je suis claqué, la journée à la ville m’a tué. Dans mon panier, une salade, j’en rêvais depuis des semaines.
Mais à la date du 11 août 2017, une cabane située à 400 km du cercle polaire, sur la côte nord-ouest du Groenland nous appartient à Karin et moi, qui l’eût cru ? Jour après jour, je réalise à quel point une succession de hasards m’a fait arriver là, une fois de plus vous me l’auriez dit, jamais je ne vous aurais cru. J’aime cette phrase de Jean Cocteau qui disait : le hasard, c’est le nom que prend Dieu pour rester anonyme.
Jo Zef cherche désespérément des crêpes dans le panier de courses, mais là il faudra repasser une autre fois… Il boude !
Cool
Félicitations à Karin et toi pour l achat de cette magnifique résidence.
TROBOLACABANE….;-)
J4 avant le départ pour le deuxième voyage vers oqaatsut. je hâte de revoir Frank et la cabane Bleue
Felicitation a vous 2 bisous Alain et Aicha