Elles ont du sentir ma nostalgie et pour ne pas me laisser seul, elles m’ont offert leur chant toute la nuit. Je le définirai comme la «complainte des Baleines», elles sont tristes de nous les hommes, tristes de notre vision, triste de notre présent… Je ne peux que les écouter, elles m’ont dit d’autres choses mais ça c’est mon secret. Le brouillard est dense, le son est feutré, la sensation d’être seul au monde est amplifiée. Il me faut partir, le sud m’attend, avant je visais le nord mais après les leçons du Cap de mes peurs, l’expédition s’est muée en voyage de l’intérieur, en parcours initiatique. A l’aller, je n’ai vu que des kilomètres à manger, des notes à prendre, des vents à venir. Le retour fut archaïque, contraire à mes attentes, mais en y pensant bien, c’était les cours du soir que l’on m’offrait. Des contrôles notés sévèrement, je ne sais même pas si j’ai eu la moyenne, ce qui est sûr, c’est que je suis passé, sans redoubler, ici redoubler c’est changer de monde !
Immaqa est mis à l’eau une fois de plus, son chariot semble tenir le coup, tant mieux. Entre des îlots, je glisse sans bruit, le courant me pousse, je crois que les leçons commencent à payer. Je visite, je stoppe mes pagaies, pour voir si ce satané phoque veut bien se laisser filmer, ici le 7 ème art n’est pas dans leurs mœurs. Les dalles sont toutes accessibles, au contraire de tout ce que j’ai vécu jusqu’à présent, les lieux de bivouacs sont multiples et variés, un vrai confort pour le plan B. Une cabane est en rive, pourquoi ne pas la visiter, ici tous les abris n’ont pas de serrure. La maison est parfaitement rangée, trop à mon goût, serait-ce un danois qui utiliserait ces lieux ? Je le saurai peut-être un jour. Des fjords magnifiques et encore quelques icebergs coincés, certains d’entre eux sont de taille phénoménale.
Là-bas, je devine l’île qui défend Oqaatsut des terribles vents du nord, derrière «ma» cabane, et dire qu’il y a encore deux ans, je vivais sur mon petit bateau, sans jamais penser un jour résider à terre. Mais la route n’est pas encore finie, à chaque instant un piège peut-être fatal, ici, seul en kayak, la concentration doit être au plus haut niveau. Je me tourne une dernière fois pour deviner les caps du nord, d’où nous revenons. Je stoppe tout, la brise est de nord, le silence une fois de plus me prend aux tripes. Je marmonne une sorte de prière, la dame d’Ata m’a protégé, combien de fois m’a-t-elle envoyé un de ses anges en forme d’oiseau pour me guider sur le bon chemin ? J’ai des larmes dans les yeux, j’essaie de me confier à la caméra, ma voix est nouée, les mots sont trop durs à sortir, je suis un miraculé et ça je l’ai bien compris. Je suis parti sans savoir ce qui m’attendait, heureusement sinon je ne serai pas parti.
Je me projette sur les jours prochains, la vie au village, la visite de ma douce allemande… Mais je reste prudent, Oqaatsut est encore loin… 15 h, je touche enfin terre, le village est silencieux comme à son habitude, la marée est tellement basse que je suis obligé de laisser Immaqa loin du point de débarquement prévu. Je monte voir Steen, il me sourit, m’offre un café et lit dans mes yeux ce que j’ai vécu, lui c’est pour survivre qu’il subit ces caprices météo, moi c’est juste pour me sentir «homme libre». Il me dit que j’ai grandi, je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est que ce soir, je sais que l’aventure est loin d’être finie…
A pluche
la cabane bleu -The Voyage inside
il n’y a aucun endroit pour la crainte, la panique, aucun endroit pour des erreurs entre la glace. Tu as besoin du contrôle total de l’endroit, le temps et avoir confiance en toi complètement. Quand tu peux faire tout ce que tu peux, tu trouveras un monde différent, un monde si beau, paisible et infini. Je suis soulagé que une partie de cette voyage est faites, bravo Freeman
superbe, bravo ! ! !
Tu as grandi. ..C’est sûr. ..j’en suis heureuse pour toi Freeman.
Chaque minute chaque heure chaque jour te font grandir …. cette expérience est de loin la plus difficile je pense car tu commences enfin à prendre conscience de beaucoup de choses Continue mon ami..et d’ailleurs à compter de ce jour je ne t’appelerais plus Cabochard. ..à suivre
tu vas pouvoir faire un super livre Frank pour nous raconter tt ça